Neuf sports réunis dans une même ville, pour un rendez-vous continental aux dimensions inédites, avec plus de 4.700 athlètes et 177 épreuves. La deuxième édition des championnats d’Europe multisports, organisée du 11 au 21 août 2022 à Munich, sur fond de 50ème anniversaire des Jeux olympiques d’été en 1972, s’annonce grandiose.
Mais la suite s’annonce moins prometteuse pour l’événement continental. European Athletics (EA), l’instance de l’athlétisme, quittera bientôt le navire. En 2026, les championnats d’Europe multisports se disputeront sans le premier sport olympique. Un coup dur.
Les raisons ? Les perspectives ? Jean Gracia, le vice-président de European Athletics, les a expliquées à FrancsJeux.
FrancsJeux : Que vous apporte un événement comme les championnats d’Europe multisports, où l’athlétisme partage l’affiche avec huit autres sports ?
Jean Gracia : Le concept est né dans les années 2015/2016. L’Eurovision nous avait un peu forcé la main en mettant en avant l’intérêt d’une synchronisation des différents sports. Ca a fonctionné en 2018 car tous les autres sports étaient à Glasgow, alors que nous étions seuls à Berlin. A Munich, cette année, tout le monde sera regroupé dans un même lieu. Mais cela a créé des problèmes. La communication n’est pas la même pour tous les sports, il faut coordonner tout cela. Et l’Eurovision n’a pas mis la même pression. Pour l’édition 2026, European Athletics a décidé de ne plus participer à une édition commune des championnats d’Europe. Nous allons reprendre notre indépendance. Nous essaierons seulement de coordonner nos calendriers avec les autres disciplines. La natation, qui n’était déjà pas à Munich 2022, a pris la même décision. Les deux sports qui ramènent le plus de monde et d’exposition ne seront plus présents en 2026.
Vous n’avez rien à gagner d’un événement continental multisport ?
Il s’est avéré que les problèmes étaient plus nombreux que les bénéfices. Mais nous avons une approche différente pour les Jeux européens 2023 en Pologne. Nous avons signé l’an passé une convention, nous sommes totalement intégrés dans les prochains Jeux européens : nous allons y organiser la totalité des championnats d’Europe par équipes, recomposés pour l’occasion en trois divisions. L’athlétisme durera toute une semaine.
L’athlétisme est donc plus fort seul qu’avec d’autres sports ?
A Munich, l’athlétisme devrait amener le plus d’audimat et d’attention. C’est une évidence. Mas regrouper tout le monde dans un ensemble favorise les autres sports. Pas nous. Nous avons plus de contraintes que d’avantages.
Quelle forme prendront alors les prochains championnats d’Europe d’athlétisme ?
Nous reviendrons à la formule précédente, seuls, avec une édition tous les deux ans. Rome a été choisie pour 2024. Pour l’édition 2026, nous avons deux candidats : Birmingham et Budapest. La décision sera prise en novembre par le Conseil de European Athletics.
Comment expliquer le renouveau de l’athlétisme européen, entrevu notamment aux Jeux Olympiques de Tokyo ?
Un pays ou un continent ne sont jamais au top niveau en permanence. Aujourd’hui, les Européens reviennent un peu en force. A Tokyo, le phénomène a surtout été illustré par l’Italie. La Norvège, également, mais avec deux ou trois athlètes seulement. Mais les choses évoluent. En 2006, la presse nous suggérait de prendre exemple sur le modèle suédois, mais il tenait en réalité à 4 ou 5 athlètes. Quand ils ont pris leur retraite, l’athlétisme suédois s’est cassé la figure. Je regarde plus la progression de la Suisse. Elle s’explique par la mise en place de toute une série d’actions lorsque les Suisses ont organisé les championnats d’Europe à Zurich en 2014. La Suisse bénéficie aujourd’hui de cet héritage. L’Italie était dans le creux, elle est ressortie à Tokyo. Mais il faut aussi une part de chance pour aller saisir des médailles. Pour moi, il n’existe pas un schéma type pour construire un modèle à partir de la réussite d’un seul pays.