Il était temps. Après une succession de reports et d’incidents de parcours dignes d’un scénario de mauvais téléfilm, la Fédération internationale d’haltérophilie (IWF) s’est enfin dotée d’un président. Un vrai, élu et non pas désigné par défaut, sans la mention « intérim » accolée à son nom.
L’Irakien Mohammed Jalood (photo ci-dessus) présidera l’IWF après avoir été élu non sans mal lors du congrès de l’instance à Tirana, en Albanie. Originaire d’Irak mais également citoyen du Kazakhstan, pays de son épouse, cet ancien haltérophilie de haut niveau est devenu le premier président asiatique de l’instance internationale.
Le nouvel homme fort de l’haltérophilie figurait parmi une liste de 11 candidats au poste présidentiel. Il a devancé le Qatari Yousef Al-Mana au terme d’un scrutin pour le moins confus, interrompu pour une réunion d’urgence de la commission électorale après un imbroglio dans l’annonce des résultats.
Dans la foulée, le vote a accouché d’un nouveau comité exécutif. Bonne nouvelle : 12 de ses membres n’appartenaient pas à l’ancien régime, soit un taux de renouvellement des deux tiers. Autre avancée : l’élection de la première femme à la vice-présidence, l’Américaine d’origine grecque Ursula Garza Papandrea. Elle sera accompagnée par quatre autres vice-présidents : le Grec Pyrros Dimas, le Tchèque Petr Krol, la Vénézuélienne Doris Travieso, et le Hongrois Attila Adamfi, ancien directeur général de l’IWF.
A peine élu, Mohammed Jalood a planté le décor. « Il y a une énergie renouvelée au sein de notre organisation, a-t-il suggéré dans son discours post-électoral. J’ai déjà pu discuter avec mon équipe, elle est prête à se mettre au travail au bénéfice de notre sport. Nous avons beaucoup de nouveaux membres et une grande expérience au sein du comité exécutif. Le CIO et le monde entier nous regardent. »
Le monde entier, peut-être pas. Mais le CIO, certainement. Et ce qu’il a vu, lu et entendu en provenance du congrès de Tirana ne devrait pas beaucoup le rassurer sur l’état de forme de l’instance mondiale de l’haltérophilie.
L’élection du secrétaire général de l’IWF, le Péruvien José Quinones, résume à elle seule les dérapages et errements d’une fédération internationale engluée depuis des décennies dans les affaires de corruption et dopage. Elle explique aussi la décision de la commission exécutive du CIO de retirer provisoirement la discipline du programme des Jeux de Los Angeles 2028.
Le bonhomme, d’abord. Officiel de longue date de l’haltérophilie mondiale, José Quinones avait été banni pour cinq ans par un tribunal administratif péruvien. Il était accusé de mauvaise gestion financière. José Quinones a fait appel. Sa suspension a aujourd’hui expiré. Mais son accréditation pour les Jeux de Tokyo lui avait été retirée par le CIO, avant qu’il ne la récupère.
Le scrutin, ensuite. Selon le site InsidetheGames, son élection au poste de secrétaire général serait une erreur. Un mauvaise comptage des voix. José Quinones a obtenu 68 suffrages, contre 60 pour l’Italien Antonio Urso et 16 pour l’Iranien Ali Moradi.
Seul ennui, mais de taille : José Quinones aurait dû rafler au moins 73 voix pour l’emporter, soit la majorité absolue. Avec son score, un deuxième tour aurait dû être organisé entre le Péruvien et l’Italien. L’IWF ne s’y est pas pliée. Une « erreur humaine« , plaide l’instance.
Le deuxième tour en question aura finalement lieu, jeudi 30 juin, en présentiel et en ligne pour les délégués ayant déjà quitté la capitale de l’Albanie.
A Lausanne, le cirque électoral et l’identité du vainqueur initial du scrutin pour le poste de secrétaire général viendront encore alourdir l’épais dossier de l’IWF. L’avenir olympique de l’haltérophilie était déjà très compromis. Il semble désormais ne plus tenir qu’à un fil.