Les athlètes russes apercevront-ils bientôt la fin du tunnel ? Plus de six mois après le début de l’invasion de l’Ukraine, la question ne devrait pas être d’actualité. Pas encore. Depuis jeudi 15 septembre, la perspective d’un retour des sportifs russes dans les stades fait pourtant surface.
Fait très inattendu : l’information est venue des Etats-Unis. Susanne Lyons, la présidente du comité olympique américain (USOPC), a surpris son monde en évoquant en conférence de presse, en marge de la visite à Los Angeles de la commission de coordination des Jeux d’été en 2028, la fin prochaine de la suspension des athlètes russes des compétitions internationales.
« Nous savons que le CIO commence à se demander s’il existe une voie pour le retour des athlètes russes, a expliqué Susanne Lyons, qui laissera en fin d’année son siège de présidente de l’USOPC à Gene Sykes, l’ancien directeur général de la candidature de Los Angeles pour les Jeux de 2024/2028. Il commence à contacter toutes les parties prenantes, dont les fédérations internationales et les comités nationaux olympiques, pour obtenir des informations. Comme je le crois, nous pensons tous qu’à un moment donné, les athlètes ne devraient pas être les victimes de la politique de leur gouvernement ou d’autres tensions dans le monde. Il y aura inévitablement une envie de voir les athlètes de Russie revenir et participer aux compétitions. Mais il reste à déterminer le moment et la forme que cela pourra prendre. »
Susanne Lyons a poursuivi : « Le mouvement olympique est construit sur la notion que les athlètes du monde entier devraient pouvoir se réunir en paix et concourir dans le respect, l’égalité et l’amitié. Nous sommes nombreux à adhérer à cette idée. »
Les déclarations de Susanne Lyons étaient-elles préparées ? Difficile de répondre. Mais elles surprennent. La présidente de l’USOPC prend tout le monde de vitesse, en évoquant la première une possible sortie de l’isolement pour les athlètes russes, à moins de deux ans des Jeux de Paris 2024. Elle laisse entendre que leur retour sur la scène serait à l’étude au siège du CIO à Lausanne.
Officiellement, l’instance olympique reste ferme sur sa position. Thomas Bach a assuré le mois dernier, lors d’un entretien avec le magazine allemand Sport Bild, que la Russie resterait suspendue. Il a suggéré qu’elle le serait tant que durerait la guerre en Ukraine.
Mais les mois passent, le conflit s’enlise. Et les premières compétitions qualificatives pour les Jeux de Paris 2024 ont débuté, ou vont prochainement le faire, dans plusieurs sports et disciplines. Maintenir en l’état la suspension de la Russie reviendrait donc à écarter ses athlètes et ses équipes à deux ans du prochain rendez-vous olympique.
Les propos de Susanne Lyons le suggèrent : le CIO planche actuellement sur la meilleure façon, sportive mais aussi politique, de briser l’isolement de la Russie. L’instance olympique consulte et analyse. A ce stade, sa position n’a pas changé. Mais elle a insisté, jeudi 15 septembre, en réaction aux déclarations de la dirigeante américaine, sur l’importance du rôle du sport comme « outil d’unification dans un monde aujourd’hui très divisé« . Le CIO évoque un « dilemme« .
Pour rappel, le CIO n’a jamais formellement suspendu le Comité olympique russe (ROC). Il n’a pas non plus exclu ses quatre membres russes, dont les deux membres actifs, Yelena Isinbayeva et Shamil Tarpischev. L’instance olympique a répété à plusieurs reprises, pour expliquer cette politique à deux vitesses, que les membres russes du CIO ne représentaient pas leur gouvernement au sein du mouvement olympique. La même formule pourrait convenir aux athlètes.