Est-ce un effet de la rentrée ? En quelques jours, deux nouveaux pays ont choisi de sortir du bois pour annoncer, à leur façon, un projet de candidature olympique. Deux pays que tout sépare, sinon l’envie commune de pouvoir un jour prochain saisir à pleines mains les cinq anneaux des Jeux.
L’Egypte a parlé la première. En visite au Caire, dans le cadre d’une tournée entamée plus tôt en Palestine, Israël et Jordanie, Thomas Bach s’est entendu dire par le chef de l’Etat, Abdel Fattah al-Sissi, que l’Egypte allait se proposer comme hôte des Jeux d’été en 2036. Le président du CIO y était préparé, les médias ayant précédé l’annonce officielle. Fidèle à son habitude, il n’a découragé personne. “L’Egypte a des infrastructures sportives solides et si elle peut accueillir les Jeux, ce sera historique pour elle“, a-t-il assuré lors d’une conférence de presse. Difficile d’en dire moins.
Crédible ? Sur le papier, le dossier égyptien ne part pas favori. Il prévoit que les Jeux s’articulent autour de la nouvelle capitale administrative, un projet pharaonique situé à une cinquantaine de kilomètres du Caire. Autant dire que la page est encore blanche. Pas l’idéal dans un univers olympique où le recyclage de sites existants est devenu une règle d’or. Mais rien n’est jamais gravé dans le marbre lorsqu’il est question de candidature olympique.
Autre dossier : l’Allemagne. Un habitué. Mais, moins flatteur, un habitué aussi des candidatures rentrées au stand avant la ligne d’arrivée. Hambourg 2024, Munich 2022, deux postulants arrêtés pour n’avoir pas su convaincre l’opinion de soutenir leur cause.
Cette fois, l’Allemagne voit double, et même triple. Le président du comité national olympique (DOSB), Thomas Weikert, a expliqué en début de semaine à Sportchau que plusieurs options étaient sur la table. La plus immédiate concerne les Jeux d’hiver en 2034. Une autre cible les Jeux d’été en 2036. « Mais 2040 serait aussi une possibilité, bien sûr« , a confié le dirigeant allemand, ex président de la Fédération internationale de tennis de table (ITTF).
Le message est clair : l’Allemagne veut les Jeux olympiques et paralympiques, cinquante ans après Munich 1972. Hiver ou été, peu importe. Demain ou après-demain, on verra bien. « Mais le plus tôt possible« , insiste Thomas Weikert.
Avec une telle stratégie, l’Allemagne ne s’interdit rien. Mais elle se complique aussi la tâche. Il lui faut trancher entre l’hiver et l’été, décider d’une édition, et surtout dénicher la bonne ville. Thomas Weikert en convient : « Le processus de dialogue prendra un an et demi, deux ans, en tout cas jusqu’après les Jeux de Paris 2024. Nous ferons ensuite la synthèse et verrons si nous postulons et, en cas de décision positive, avec qui nous postulons. Nous ne nous engagerons pas à l’avance. Les nouvelles directives du CIO nous donnent plus de flexibilité. »
Problème en vue : l’opinion. Thomas Weikert se refuse encore à avancer le nom d’une ville ou d’une édition à privilégier, mais il assure déjà que la population sera consultée. « Nous voulons demander à tout le monde, en particulier aux plus critiques, a-t-il expliqué à Sportchau. Les gens doivent être pris en compte et entendus. »
L’intention est louable, mais l’expérience et les exemples passés ont prouvé qu’elle était aussi souvent suicidaire. L’Allemagne n’a jamais manqué d’arguments, notamment avec Hambourg 2024, mais ses derniers rêves olympiques ont tous été engloutis dans les urnes de référendums où les opposants ont été les plus nombreux à voter, à défaut d’être réellement majoritaires.
Seule certitude : Thomas Bach ne sera plus président du CIO au moment où l’Allemagne en aura terminé de son processus de consultation/discussion/décision. Il aura rendu ses clefs et son badge en 2025, après douze ans de règne. Mais son retrait ne sera pas forcément un handicap pour son propre pays. Président, il aurait été contraint à la neutralité. Ex président, il pourra peser en coulisses, voire en première ligne.