Symbolique ? Pas seulement. Athlétique, surtout. Le COJO Paris 2024 a dévoilé mercredi 5 octobre, comme on présente un joyau, le parcours du marathon des prochains Jeux olympiques. Il a été dessiné avec l’ambition de « raconter une histoire« , selon l’expression des organisateurs. Mais les athlètes auront peu le loisir d’en écouter le récit. Le tracé, terriblement exigeant, demandera toute leur attention.
Une histoire, donc. Elle remonte à la Révolution. La marche des femmes sur Versailles, les 5 et 6 octobre 1789. Près de trois mois après la prise de la Bastille, plusieurs milliers de Parisiennes se sont rassemblées à Paris, réclamant du pain et des armes, avant de marcher vers le Château de Versailles pour ramener dans la capitale Louis XVI et sa famille.
Sous la pression du peuple, le roi a cédé et rapatrié ses malles et sa cour à Paris. Il a ensuite ratifié la Déclaration des droits de l’homme et le principe de la Constitution.
Alain Blondel, le manager de l’athlétisme au COJO Paris 2024, l’explique : la marche des femmes de 1798 a servi « d’inspiration » pour le tracé du prochain marathon olympique. Une inspiration, rien de plus, le trajet précis des révolutionnaires ayant toujours divisé les historiens.
Le départ sera donné devant l’Hôtel de Ville de Paris. Le marathon empruntera ensuite les quais de la Seine sur plusieurs kilomètres, avant de bifurquer vers l’ouest, traverser le département des Hauts-de-Seine à Boulogne-Billancourt, Sèvres, Ville-d’Avray, avant de filer vers le Château de Versailles. Voilà pour l’aller. Au retour, ce qu’il restera du peloton de 80 coureurs repassera par les Hauts-de-Seine – Viroflay, Chaville, Meudon et Issy-les-Moulineaux -, avant d’entrer dans la capitale, longer la Seine et fondre sur la ligne d’arrivée, tracée sur l’esplanade des Invalides.
Un parcours aux allures de carte postale, avec un passage devant la Bourse, l’Opéra, la Tour Eiffel, le Trocadéro, le Louvre et bien sûr le Château de Versailles. Mais l’impression est trompeuse : le marathon olympique n’aura rien d’une promenade touristique.
Certes, la différence d’altitude entre le départ – + 34 m à l’Hôtel de Ville, + 36 m aux Invalides -, semble insignifiante. Mais la réalité du tracé raconte une autre histoire, nettement moins lisse : un dénivelé positif de 438 m, et négatif de 436 m. Plusieurs passages s’annoncent très difficiles, dont la Côte des Gardes à Meudon (+ 13 %), empruntée tous les ans par la course Paris-Versailles.
Alain Blondel le reconnaît : le parcours n’a pas été dessiné avec l’ambition de favoriser les performances chronométriques. « La logique est différente, nous ne sommes pas sur une recherche de chronos, dit-il. Les références chronométriques n’auront plus de sens, mais cette course va vraiment voir émerger les trois hommes et les trois femmes les plus forts le jour J ».
Pour les athlètes et leur encadrement, la préparation de l’épreuve olympique s’annonce comme un casse-tête. Ils devront travailler à partir d’une page blanche, sans pouvoir tester le parcours à l’avance. Le COJO l’a précisé : il n’est pas prévu d’organiser un test-event du marathon avant les Jeux de Paris 2024. Un coup, un seul. Sans la moindre seconde chance.
Autre précision, déjà annoncée au moment de la présentation du programme épreuve par épreuve : le marathon olympique féminin sera couru dimanche 11 août, dernier jour des Jeux, au lendemain de la course masculine. Une première.
Dans les deux cas, la tribune des spectateurs du tir à l’arc, dont les épreuves auront été disputées plus tôt aux Invalides, sera utilisée pour le public dans la zone d’arrivée. Elle pourra accueillir environ 7.000 personnes.
Voilà pour l’élite. Les olympiens. Mais le COJO l’avait annoncé de longue date : un marathon pour tous sera organisé en marge de l’épreuve olympique, sur le même parcours. Il sera enrichi d’une course de 10 km.
Dans les deux cas, un même nombre de dossards : 20 024. Trois mille d’entre eux ont déjà été distribués. Les autres le seront par lots successifs, jusqu’aux Jeux, pour l’essentiel via le Club Paris 2024. Mais seulement les deux tiers sont destinés au grand public. Le reste ira à un contingent encore flou de personnalités et d’athlètes.
Reste une inconnue : la date et l’heure de ces deux épreuves de masse. Le COJO reconnaît plancher encore sur la question. Mais il est acquis qu’elles n’auront pas lieu après la fin des Jeux, dimanche 11 août 2024.