Amateurs de changement, passez votre chemin. Sauf improbable scénario, les mêmes hommes resteront l’an prochain aux manettes des mêmes instances du football international. L’histoire est déjà écrite.
Aleksander Ceferin (photo ci-dessus) devrait rempiler sans l’ombre d’une angoisse pour un troisième mandat à la présidence de l’UEFA. Le dirigeant slovène, arrivé aux commandes en septembre 2016 après le retrait de Michel Platini, avait été réélu une première fois en 2019. Sans opposition. La prochaine élection, prévue le 5 mai 2023 à Lisbonne, s’annonce aussi tranquille.
Aleksander Ceferin a fait savoir samedi 8 octobre, en marge du tirage au sort à Francfort des qualifications pour l’Euro 2024 en Allemagne, qu’il solliciterait un nouveau mandat de quatre ans. A bientôt 55 ans, le Slovène ne se connaît pas encore de rival et n’en aura certainement pas. Il peut déjà s’exprimer avec des mots de vainqueur.
« Aleksander Ceferin a profité de cette opportunité pour remercier personnellement les 55 fédérations membres pour leurs lettres de soutien reçues ces dernières semaine en vue de la prochaine élection, confirmant officiellement qu’il sera candidat à un autre mandat lors du prochain congrès de l’UEFA au Portugal en 2023« , a annoncé l’instance continentale un communiqué. Le message est clair : le Slovène a déjà le soutien de toutes les fédérations. Il peut espérer un vote à l’unanimité.
Arrivé à la tête de l’UEFA après le houleux épisode de la mise à l’écart de Michel Platini, Aleksander Ceferin semblait destiné à incarner une gouvernance moins charismatique, voire très discrète. Mais les événements l’ont amené à afficher un pouvoir très ferme et souvent sans concession.
Au cours des deux dernières années le Slovène a réussi à étouffer dans l’oeuf le projet de Super Ligue, une compétition dissidente de la Ligue des Champions, imaginée par douze des plus grands clubs européens. Trois d’entre eux – le Real Madrid, le FC Barcelone et la Juventus Turin – n’ont pas encore totalement renoncé. Ils ont attaqué l’UEFA pour abus de position dominante, un litige censé être tranché en début d’année prochaine par la Cour de justice de l’Union européenne à Luxembourg. Mais la menace est écartée.
Débarrassée de la Super Ligue, l’UEFA a pu lancer sa réforme de la Ligue des Champions. A compter de l’année 2024, la compétition passera de 32 à 36 équipes. Elle débutera par un mini-championnat de huit journées, appelé à remplacer l’actuelle phase de groupes. Les droits TV ont déjà été attribués. Ils atteindront la somme record de quinze milliards d’euros sur trois ans, entre 2024 et 2027.
Aleksander Ceferin a également bataillé, sans retenir ses coups et ses propos, face à la volonté de la FIFA et de son président, Gianni Infantino, d’imposer une Coupe du Monde tous les deux ans. Un projet lui aussi renvoyé dans les oubliettes de l’histoire.
Enfin, le président de l’UEFA a su adopter une position ferme sur la Russie et la Biélorussie, après le début de l’invasion de l’Ukraine, malgré la présence de partenaires russes au sein du programme de marketing de l’instance. Les clubs et sélections des deux pays sont exclus de toutes les compétitions européennes. Et ils le resteront « jusqu’à nouvel ordre« , a confirmé récemment le comité exécutif de l’instance.
Aleksander Ceferin n’est pas le seul dirigeant du football international à pouvoir déjà modifier les dernières lignes de son C.V pour ajouter un nouveau mandat. Gianni Infantino a annoncé en mars dernier à Doha qu’il briguerait l’an prochain un bail supplémentaire à la présidence de la FIFA. La victoire lui semble déjà acquise, faute de rivalité, le dirigeant italo-suisse ayant accompagné son annonce d’un très opportun virage à 180 degrés sur le projet d’un Mondial tous les deux ans.
La présidence de la Confédération asiatique de football (AFC) est, elle aussi, déjà jouée. Salman bin Ebrahim Al Khalifa, en poste depuis 2013, sera reconduit en février prochain pour un nouveau mandat. Le dirigeant du Bahreïn est seul en lice. Comme Gianni Infantino et Aleksander Ceferin.