Les images affichent l’usure du temps. Plus de seize ans. Mais Turin, la capitale du Piémont italien, hôte des Jeux d’hiver en 2006, a pris place pour toujours parmi les villes olympiques.
Son nouveau maire, le démocrate Stefano Lo Russo (photo ci-dessus), 47 ans, participe cette semaine à Lausanne au Smartcities & Sport Summit 2022 (24 au 26 octobre), organisé à l’initiative de l’Union mondiale des villes olympiques. Pour FrancsJeux, il évoque l’héritage pour Turin des Jeux d’hiver 2006, ses projets sportifs, mais aussi le retrait de sa ville de la candidature italienne victorieuse pour les Jeux d’hiver en 2026.
FrancsJeux : Quels souvenirs personnels conservez-vous des Jeux d’hiver de Turin en 2006 ?
Stefano Lo Russo : J’avais seulement 30 ans à l’époque des Jeux, j’étais trop jeune pour occuper une fonction officielle dans l’événement, de près ou de loin. Mais j’ai le souvenir d’une intense et incroyable activité à Turin, un esprit olympique qui a soufflé sur la ville. Pendant plus de deux semaines, Turin a été la capitale du monde. Comme le reste de la population, j’ai ressenti cet incroyable état d’esprit.
Les Jeux d’hiver ont-ils changé la ville pour toujours ?
Oui. Bien sûr, les Jeux ont permis de réaliser certains travaux dont Turin bénéficie encore aujourd’hui. Mais le changement le plus important ne concerne pas les infrastructures. Il touche à l’état d’esprit. Avec les Jeux d’hiver, la ville a démontré sa capacité à organiser un grand événement à l’échelle mondiale. Plus que n’importe quoi d’autre, les Jeux olympiques permettent à une ville de prouver qu’elle peut recevoir le monde. En termes de promotion, l’événement est sans égal.
Seize ans après, quel est aujourd’hui l’héritage le plus important des Jeux d’hiver ?
Les équipements de sport et de loisirs sont toujours utilisés par les Turinois. Ils constituent l’héritage le plus visible. L’aéroport, également. Il avait été modernisé pour les Jeux de 2006. Il permet à la ville d’être mieux connectée avec le reste du monde. Mais l’héritage principal reste ce sentiment que les habitants ont ressenti pendant les Jeux. Ils ne l’ont pas oublié. Il a changé la culture de la ville.
L’image internationale a-t-elle profité des Jeux d’hiver ?
A long terme, oui. Nous avons observé une hausse du tourisme, avec un nombre plus important de visiteurs étrangers.
Aujourd’hui, avez-vous la volonté de ramener à Turin de nouveaux grands événements sportifs internationaux ?
Oui. Avec mon équipe, nous travaillons pour obtenir des événements, non seulement sportifs, mais aussi musicaux. Nous avons accueilli en mai dernier la finale du concours de l’Eurovision de la chanson . Nous aimerions le refaire. Nous espérons aussi recevoir une étape d’une prochaine édition du Tour de France cycliste. A court terme, Turin va organiser le mois prochain les Finales de l’ATP Tour de tennis. Nous accueillerons en 2025 les Jeux mondiaux universitaires d’hiver, un événement très important pour la ville. Nous en recevrons la flamme en début d’année prochaine. Et nous ambitionnons d’obtenir des championnats d’Europe en basket et volley-ball.
Turin a longtemps fait cause commune avec Milan et Cortina d’Ampezzo dans la campagne de candidature aux Jeux d’hiver en 2026, avant de se retirer du projet. Le regrettez-vous ?
Bien sûr. Je le regrette énormément. A l’époque du retrait de Turin de la candidature, je n’étais pas le maire de la ville (le poste était occupé par Chiara Appendino, ndlr). J’ai été élu en octobre 2021, après l’attribution des Jeux à Milan et Cortina. La décision du mouvement Five Stars d’abandonner le projet était une très mauvaise décision. Je la regrette et je ne suis pas le seul. C’est vraiment très dommage pour la ville de ne pas être impliquée. Pour moi, se joindre à Milan et Cortina pour organiser les Jeux d’hiver en 2026 aurait pu constituer un magnifique héritage, en impliquant les Alpes du nord et de l’est. Nous avons manqué cette occasion. C’est très décevant. La décision était vraiment mauvaise.