Connaissez-vous Mathilde Petitjean et Alessia Afi Dipol? Sûrement pas. Nous non plus. Les deux jeunes filles composent à elles deux la totalité de la délégation togolaise au Jeux d’hiver. La première est engagée en ski de fond, la seconde en ski alpin. Elles découvrent l’ambiance olympique, le Togo n’ayant encore jamais eu l’occasion de présenter une équipe aux Jeux d’hiver. Mais, si l’on en croit leurs dirigeants, le monde entier ne devrait pas tarder à entendre parler de ces demoiselles. Et même, qui sait, pas plus tard que ces prochains jours.
Bayor Kelani, le vice-président du Comité olympique togolais, l’a annoncé, répété et encore martelé d’une voix assez forte pour être entendu au-delà des montagnes qui surplombent Sotchi: « Nous ne sommes pas venus ici en promenade. Nous ne sommes pas des touristes. Le Togo n’est certes pas un pays de sports d’hiver. Nous n’avons pas de neige. Mais notre objectif est clair: ramener des médailles. »
Voilà qui est dit. Arrivé presque par surprise dans le décor des Jeux d’hiver, le Togo n’entend pas y jouer le rôle de l’intrus, exotique et sympathique, certes, mais tout juste bon à faire le nombre. « Nos deux représentantes sont en pleine forme physique, technique et psychologique, a assuré Hyacinthe Edorah, le chef de mission. Elles visent une place dans les 10 premières, voire les 5, mais peuvent tout aussi bien créer la surprise. »
Les deux jeunes filles en question ne connaissent le Togo que de loin. Alessia Afi Dipol est née en Italie, un pays qu’elle n’a jamais quitté. Mathilde Petitjean a vu le jour à Lomé, la capitale, mais elle a appris le ski de fond en France. Elle a porté les couleurs de l’équipe de France jusqu’en junior, avant d’en être écartée. « Mathilde a fait savoir sur Facebook qu’elle cherchait à représenter le Togo, raconte Hyacinthe Edorah. Nous l’avons contactée par Internet. Et nous lui avons exposé notre projet. »
Le projet en question tient en peu de mots. En 2012, un groupe de dirigeants sportifs togolais se met en tête de créer une fédération « de ski et des sports de glisse. » Le ministère des Sports et le comité national olympique donnent leur accord. Elle compte aujourd’hui tout un bureau. Mais à la question de ses effectifs, son vice-président répond: « Nous avons cinq licenciés. Deux d’entre eux sont présents à Sotchi. » Deux sur cinq, qui dit mieux?
Mais peu importe les chiffres. Bayor Kelani l’assure avec assez d’autorité pour ramener les sceptiques au silence: « Le pays tout en entier est en ébullition dans l’attente de voir nos deux skieuses déployer leur technique. Depuis la cérémonie d’ouverture, nous avons reçu les uns et les autres des centaines de coups de fil, sms et messages, dont certains émanant du gouvernement togolais. »
A la question, perfide, de savoir si Emmanuel Adebayor, la star du sport togolais, attaquant de Tottenham en Premier League anglaise, avait pris son téléphone pour encourager les deux jeunes filles, le dirigeant ne se démonte pas: « Non, il ne l’a pas encore fait. Mais il va le faire. Il doit être à l’entraînement, là, il nous fera signe plus tard. D’ailleurs, je vais l’appeler en sortant d’ici. » La magie des Jeux…