Plus de doute possible : le mouvement paralympique sait faire preuve d’une fermeté et d’un courage politique dont son pendant olympique reste dépourvu. Son instance internationale, l’IPC, l’a encore démontré mercredi 16 novembre.
Réunie en assemblée générale extraordinaire à Berlin, elle a voté à une large majorité l’exclusion des comités nationaux paralympiques russe et biélorusse. Le sort des deux pays a été décidé en deux scrutins différents. Mais leur résultat s’est révélé commun.
Par 69 voix pour, 39 contre et 11 absentions, l’assemblée générale de l’IPC s’est prononcée en faveur de la suspension du Comité paralympique russe. L’exclusion de la Biélorussie a été moins consensuelle, la vote affichant un résultat plus nuancé : 54 voix pour, 45 contre, 18 abstentions.
Dans les deux cas, une même explication : l’IPC estime que les deux comités nationaux paralympiques sont dans « l’incapacité de se conformer aux obligations d’adhésion prévues par ses statuts« .
L’exclusion des deux comités nationaux paralympiques est à effet immédiat. Mais les deux pays peuvent faire appel de la décision de l’IPC.
Dans un communiqué publié dans la soirée, mercredi 16 novembre, le Comité paralympique et sportif français (CPSF) explique avoir voté en faveur de l’exclusion des deux pays. « Les Comités paralympiques russe et biélorusse n’ont jamais condamné l’invasion de l’Ukraine par leur pays, qui a débuté alors que les Jeux paralympiques d’hiver de Pékin 2022 battaient leur plein, brisant ainsi la trêve olympique et paralympique« , rappelle l’instance française.
Sauf improbable retournement de situation, la Russie et la Biélorussie resteront à l’écart du mouvement paralympique jusqu’à la prochaine assemblée générale de l’IPC. Elle devrait se tenir au cours du dernier trimestre de l’année 2023. A moins d’une année des Jeux de Paris 2024, donc.
Avec un tel échéancier, il semble déjà quasiment acquis que les athlètes des deux pays ne pourront pas participer aux prochains Jeux paralympiques d’été. La route des qualifications leur restera fermée trop longtemps pour espérer décrocher les quotas, même dans l’hypothèse où l’IPC déciderait de réintégrer en fin d’année prochaine les deux comités nationaux paralympiques.
Face à la question russe, la fermeté de Comité international paralympique affiche un saisissant contraste avec l’attitude plus fuyante du CIO. Aux Jeux de Rio 2016, l’IPC avait exclu la Russie des compétitions, suite à la révélation par le rapport McLaren d’un dopage d’Etat deux ans plus tôt aux Jeux d’hiver de Sotchi. Le CIO, de son côté, leur avait ouvert la porte, exigeant seulement qu’ils laissent leurs tenues officielles, leur drapeau et leur hymne dans le vestibule.
Aux derniers Jeux d’hiver, en février et mars 2022 à Pékin, le CIO a encore une fois accepté une délégation « neutre » du Comité olympique de la Russie. L’IPC a interdit toute participation des deux pays belligérants.
Le vote de l’assemblée générale de l’IPC, mercredi 16 novembre, exclut de fait les dirigeants paralympiques russes. A l’inverse, le CIO n’a jamais écarté le comité olympique russe, pas plus qu’il n’a suspendu ses deux membres russes, Yelena Isinbayeva et Shamil Tarpischev. Stanislav Pozdniakov, le président du Comité olympique russe, était présent le mois dernier à l’assemblée générale de l’Association des comités nationaux olympiques (ACNO). Il a même été invité à la tribune pour une présentation.
Le président du Comité paralympique russe, Pavel Rozhkov, devait se rendre à Berlin cette semaine pour l’assemblée générale de l’IPC. Il en a été empêché, les autorités allemandes lui ayant refusé son visa. Le dirigeant russe a assisté à distance, en mode virtuel, à l’exclusion de son instance.
Sans surprise, le mouvement paralympique russe n’est pas resté sans réaction après l’annonce des résultats du vote de l’IPC. Dans un communiqué, son comité national estime que sa suspension est « illégale, sans fondement… et va à l’encontre des règles et des statuts de l’IPC« .
Les Russes relèvent que l’IPC n’a jamais apporté la preuve que leur comité national paralympique avait enfreint ses obligations de membre. Enfin, ils rappellent que les pays de l’OTAN n’ont jamais été sanctionnés par la communauté sportive internationale lorsque l’Alliance a lancé des frappes sur la Yougoslavie, puis envahi l’Afghanistan et l’Irak.