Athlète, entraîneur, consultant média, organisateur… Alain Blondel, 59 ans, a tout connu de l’athlétisme de haut niveau et des Jeux olympiques. L’ancien décathlonien français, champion d’Europe à Helsinki en 1994, a rejoint avant les Jeux de Tokyo 2020 le COJO Paris 2024. FrancsJeux poursuit avec lui sa série d’interviews des sport managers du comité d’organisation.
FrancsJeux : Votre vie avant le COJO Paris 2024 ?
Alain Blondel : Avant de rejoindre le COJO Paris 2024, j’étais co-organisateur du meeting d’athlétisme de la Ligue de Diamant de Rabat, au Maroc, et de celui de Karlsruhe, en Allemagne, disputé en salle. En parallèle, je collaborais avec la Fédération française d’athlétisme (FFA) comme consultant sur les activités de services et techniques pour le circuit des meetings du Pro Athlé Tour, à Sotteville, Marseille et Nancy. J’avais également une activité dans les médias, comme consultant pour l’athlétisme sur RTL depuis presque 25 ans.
Votre expérience passée des Jeux olympiques ?
J’ai fait le compte : j’ai participé à huit éditions des Jeux olympiques d’été, entre Séoul 1988 et Tokyo 2020. Les deux premières comme athlète, au décathlon. Après une absence aux Jeux d’Atlanta en 1996, j’ai enchaîné cinq éditions comme consultant pour des médias, avec RTL principalement, mais aussi pour Canal + aux Jeux de Sydney 2000 et Athènes 2004. Enfin, j’ai joué un rôle très différent aux Jeux de Tokyo 2020, où j’ai travaillé sur l’athlétisme avec les organisateurs japonais au titre du COJO Paris 2024.
Un souvenir marquant des Jeux ?
La cérémonie d’ouverture des Jeux de Séoul en 1988. Mes premiers Jeux. J’avais 25 ans. Participer aux Jeux olympiques était un rêve de gosse. En défilant à la cérémonie d’ouverture, j’ai réalisé qu’une partie du rêve était en train de se réaliser. J’ai compris aussi que mon aventure débutait. Pour différentes raisons, je n’ai pas participé à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Barcelone en 1992. Je l’ai beaucoup regretté.
Le dossier en tête de la pile sur votre bureau ?
La réfection de la piste d’athlétisme du Stade de France. Et le choix de sa couleur. Cela représente 13.000 m2. Il faut anticiper beaucoup de choses et intégrer de nombreux paramètres. Pas facile. La piste est en tête de pile, parmi mes dossiers, mais avec quatre sites de compétition différents, les sujets sont nombreux. Et tout avance en même temps.
Les sites de l’athlétisme : leurs atouts, les défis dans la perpective des Jeux ?
Le Stade de France a une histoire et une image très fortes. C’est un immense avantage. Nous ne partons pas de zéro. Il reste l’écrin du sport français, marqué par le Mondial de football en 1998 et la victoire des Bleus, puis les Mondiaux d’athlétisme en 2003, l’équipe de France de rugby… Mais il aura plus d’un quart de siècle au moment des Jeux de Paris 2024. Il n’est plus réellement aux normes d’un événement comme les Jeux olympiques. Sur le plan technique, il est devenu limité. Nous aurons un gros boulot à accomplir, avec un temps réduit car l’enceinte servira aussi au rugby à 7, avant le début de l’athlétisme. Nous devrons nous mettre en configuration athlétisme avant même de disposer des lieux, avec un grand nombre de détails à régler pour ne pas se louper sur les transitions d’un sport à l’autre. Les Jeux paralympiques s’annoncent également comme un défi sur le plan technique. La fosse de saut en longueur, par exemple, n’est pas assez large pour athlètes déficients visuels. Les trois autres sites de l’athlétisme, pour la marche et le marathon, seront très différents puisque situés hors du stade. Il faudra construire un environnement sécurisé sur la voie publique, avec des contraintes lourdes. Mais le parcours du marathon olympique, entre Paris et Versailles, est exceptionnel. Il possède une histoire et une philosophie uniques. La boucle de la marche, au Trocadéro, s’annonce elle aussi exceptionnelle. Enfin, le parcours du marathon paralympique, avec un départ en Seine-Saint-Denis et une arrivée dans Paris, bouclera les Jeux en reliant le département et la capitale.
Paris 2024 sera une réussite pour l’athlétisme si…
Nous aurons réussi si chaque athlète sort du stade ou du parcours avec le sourire aux lèvres et des étoiles plein les yeux. Les Jeux olympiques, en athlétisme, cela représente 1.810 athlètes, plus 1.070 pour les Jeux paralympiques. La compétition fera des déçus, c’est la nature même du sport. Mais s’ils en terminent malgré tout avec le sourire, cela signifiera que nous aurons su les mettre dans les conditions de réaliser leur rêve.