Le décompte a franchi une nouveau palier. Depuis lundi 5 décembre, le COJO Paris 2024 est passé sous la barre des 600 jours avant l’ouverture des Jeux olympiques. Pour les managers sport du comité d’organisation, le rythme prend encore de la vitesse. Parmi eux, l’Australienne Jacqueline White, en charge de l’haltérophilie – et du powerlifting aux Jeux paralympiques – présente l’un des parcours les plus riches et les moins linéaires. Elle a répondu aux questions de FrancsJeux dans le cadre de la série d’interviews des managers sport du COJO Paris 2024.
FrancsJeux : Votre vie avant le COJO Paris 2024 ?
Jacqueline White : J’ai passé les 10 ou 11 dernières années dans l’univers du sport et de l’événementiel, à aller d’un pays à l’autre selon les opportunités. Au Turkménistan, j’étais manager de l’haltérophilie aux Jeux d’Asie en salle et des arts martiaux, organisés à Achgabat en 2017. En Hongrie, j’ai travaillé à la Fédération internationale de teqball (FITEQ), dont le siège est à Budapest. A Dubaï, j’ai fait partie de l’organisation de la dernière Exposition universelle. Mais la crise du COVID m’a ramenée dans mon pays natal, l’Australie. A Melbourne, j’étais employée au service des sports de la ville, où j’ai accompagné les clubs locaux pour traverser la crise sanitaire et la surmonter.
Votre expérience passée des Jeux olympiques ?
Elle est double. Ma première expérience remonte aux Jeux de Sydney 2000. J’étais encore une athlète junior, en haltérophilie. J’ai participé à l’événement comme volontaire, associée à la présentation sportive des épreuves d’haltérophilie. Comme j’étais la seule volontaire à ce poste, j’ai été sollicitée pour toutes les sessions de la compétition. Une expérience fabuleuse. Seize ans plus tard, j’ai retrouvé l’ambiance olympique aux Jeux de Rio 2016. Je travaillais alors pour la Fédération australienne d’haltérophilie, comme manager de la haute performance. Nous avions deux athlètes aux Jeux de Rio. J’étais surtout attachée à leur préparation d’avant compétition, notamment l’échauffement.
Un souvenir marquant des Jeux ?
Les Jeux de Sydney en 2000, avec la victoire de Cathy Freeman en finale du 400 m. Pour l’Australie, un grand moment d’histoire. Pendant la course, tout s’est arrêté dans le pays. La finale a été diffusée sur les écrans de télévision dans tous les sites des Jeux. Je l’ai suivie depuis la salle d’haltérophilie.
Le dossier en tête de la pile sur votre bureau ?
La période est très intense, avec beaucoup de sujets à traiter en même temps. Mais ma priorité, en ce moment, est l’identification et le recrutement des officiels techniques français. Avec la Fédération française d’haltérophilie, nous déterminons les ressources en termes d’officiels techniques et les comparons à nos besoins. Il faudra ensuite les former. Cet aspect des Jeux constitue une part importante de l’héritage, en France, pour un sport comme l’haltérophilie.
Les sites de l’haltérophilie : leurs atouts, les défis dans la perpective des Jeux ?
Le site ne sera pas le même pour les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques. Dans le premier cas, nous allons occuper l’Arena Paris Sud 6, au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Nous serons intégrés à un cluster olympique, avec d’autres sites et d’autres sports dans le même périmètre. L’atmosphère devrait être incroyable. Mais il nous faut faire preuve d’imagination pour visualiser la façon dont tout sera installé et organisé. Le challenge, sur ce site, sera de réussir la transition avec le sport qui va nous précéder dans le même hall (le handball). Nous disposerons d’un temps assez court pour mettre en place le terrain de compétition. Pour les Jeux paralympiques, le powerlifting est prévu au nord de Paris, à l’Arena de la Porte de la Chapelle. Une enceinte toute neuve qui s’annonce fantastique. Encore une fois, il nous faut imaginer les choses et nous projeter. Comme pour les Jeux olympiques, nous allons passer en deuxième, après le badminton. La transition sera très courte. Mais cette situation m’amène à travailler avec les autres managers des sports pour trouver des solutions. C’est très enrichissant.
Paris 2024 sera une réussite pour l’haltérophilie si…
Nous allons mettre les athlètes au centre des Jeux. A la fin de leur épreuve, j’aimerais qu’ils aient le sentiment d’avoir participé à la meilleure compétition de leur vie. Les Jeux seront aussi une réussite si nous parvenons à offrir aux spectateurs une expérience unique, surtout s’ils ne sont pas des fans ou des spécialistes d’haltérophilie. Ils pourront découvrir ce sport et, peut-être, être séduits et lui trouver de l’intérêt. Pour mon équipe, cela peut sembler un cliché, mais j’espère qu’ils vivront une expérience unique. Les Jeux, c’est l’expérience d’une vie. Quant aux Jeux paralympiques, je souhaite qu’ils permettent au public français de découvrir une discipline, le powerlifting, et surtout ses athlètes. Aux Jeux de Tokyo, l’équipe de France comptait seulement deux engagés, mais elle a ramené deux médailles (Axel Bourlon chez les hommes et Souhad Ghazouani dans les épreuves féminines, ndlr). C’est un résultat assez extraordinaire.