Guerre des chiffres au Qatar. Dix jours après le début du Mondial de football (20 novembre au 18 décembre), le comité d’organisation a dévoilé dans un communiqué le bilan des accidents du travail sur les chantiers des stades. Entre 2014 et 2020, 414 personnes ont trouvé la mort dans des « accidents liés au travail au Qatar, tous secteurs et nationalités confondus« . Mais selon les organisateurs qataris, seulement trois décès liés au travail, et 37 non liés au travail, concernent les projets du Comité suprême, à savoir les huit stades, les 17 sites hors compétition et les autres chantiers du Mondial 2022. Ces chiffres proviennent des rapports publics annuels publiés entre 2014 et 2021, période pendant laquelle a été réalisé l’essentiel des travaux d’infrastructures. Les données affichées par le Qatar se révèlent assez éloignées d’un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui avance que 50 travailleurs auraient trouvé la mort dans des accidents du travail au Qatar pour la seule année 2020, et que 500 autres auraient été gravement blessés. Mais l’OIT reconnait des lacunes dans le système d’enquête et de recensement. Elle suggère que ces nombres pourraient être plus élevés. Face aux critiques sur les conditions de vie et de travail des travailleurs migrants, le Qatar met en avant les réformes mises en oeuvre au cours des dernières années, dont la fin de la « kafala », un système de parrainage qui faisait des salariés des quasi propriétés de leurs employeurs. L’émirat a également instauré un salaire mensuel minimum de 1000 riyals (environ 270 euros), et limité les heures de travail pendant les périodes les plus chaudes de l’année.
— Publié le 1 décembre 2022