Les villes et les pays changent. Les règles du jeu également. Agenda 2020 hier, agenda 2020+5 aujourd’hui. Mais une donnée reste constante dans l’univers olympique : les budgets grimpent.
Le COJO Paris 2024 présentera le sien en conseil d’administration, lundi 12 décembre. Une troisième version budgétaire, censée être la plus précise, à moins de 600 jours de l’échéance. Malgré les discours d’austérité et un concept présumé moins dispendieux, il affichera une hausse. En tout, environ 400 millions d’euros, soit 10 % d’un budget désormais fixé à 4,380 milliards d’euros.
Tout sauf une surprise. Le COJO avait pris les devants, à la fin du mois de novembre, expliquant aux médias que les dépenses étaient en hausse. La faute à l’inflation, mais pas seulement.
Vendredi dernier, Tony Estanguet a ouvert en grand son livre de comptes lors d’un briefing presse organisé en visioconférence. Il a dévoilé ses chiffres. Il a multiplié les exemples. Il a évoqué les prévisions. Pour en arriver à une conclusion rarement entendue à moins de deux ans d’un rendez-vous olympique et paralympique : le budget augmente, certes, mais il reste équilibré.
Le miracle tient à une simple règle comptable : les organisateurs parisiens ont compensé la hausse des dépenses, imputée pour près de la moitié (196 millions d’euros) à l’inflation, par une augmentation des recettes d’un montant quasi identique. Quatre cents millions d’euros dans une colonne, 400 millions dans l’autre. Le tour est joué.
Côté dépenses, tout ou presque a déjà été dit. Le COJO prend l’inflation en pleine figure. Il lui faut également encaisser certains postes parfois sous-évalués, comme la sécurité, les cérémonies ou le reclassement du personnel.
Pour les recettes, Tony Estanguet a joué cartes sur table. Le président du COJO l’a expliqué depuis Saint-Denis : « Tout a été regardé, sport par sport, session par session, sur le transport, l’hébergement, la restauration… Un travail de fourmi entamé au mois de mars avec le CIO. »
Premier angle d’attaque : le partenariat. Les recettes du marketing ont été augmentées de 127 millions d’euros dans la révision budgétaire qui sera présentée le 12 décembre au conseil d’administration. L’objectif de 80 % des revenus du partenariat privé fin 2022 ayant déjà été atteint, le COJO a poussé le curseur d’un nouveau cran. « Nous devrions atteindre la barre des 90 % dans les semaines à venir, a assuré Tony Estanguet. Nous finalisons les discussions avec une dizaine de partenaires. »
Interrogé par FrancsJeux, le président du COJO a reconnu que la liste comptait un futur partenaire premium, le premier rang du programme national de marketing. Mais un seul. Les autres seraient plutôt à ranger dans la troisième catégorie, les supporteurs officiels.
Autre piste : la billetterie. A la hausse, également. Les recettes issues de la vente des places ont été relevées de 143 millions d’euros. Comment ? Deux moyens : une hausse du prix des billets de certaines des sessions les plus demandées, dont la vente à l’unité débutera au printemps 2023, et une réduction du contingent de places gratuites réservées sur les sites à plusieurs catégories d’accrédités, dont les officiels et les journalistes.
Enfin, un sérieux coup de pouce sera apporté par les pouvoirs publics – Etat et collectivités – pour maintenir le budget à l’équilibre. Au total, pas moins de 111 millions d’euros, un geste peu prévu, qui aura pour effet de faire passer la part de financement public de 3 à 4 % dans le budget du COJO.
Dans le détail, 71 millions d’euros supplémentaires vont s’ajouter aux 100 millions d’argent public déjà alloués pour les Jeux paralympiques ; 12 millions vont être affectés pour du matériel sportif censé constituer l’un des héritages des Jeux ; 8 millions seront consacrés au nouveau laboratoire antidopage ; et enfin 5 millions vont financer l’aménagement des voies olympiques, une charge initialement imputée au COJO.
Dans le même temps, le comité d’organisation a taillé sans ménagement dans le gras de son budget d’organisation. Il a ainsi décidé de réduire de quatre jours la période d’ouverture du village des athlètes. Il accueillera ses premiers occupants à partir du 18 juillet 2024. Les sites d’entraînement ne fonctionneront plus que sept jours avant le début des compétitions de chacun des sports du programme. Plus technique, et moins visible : le « design énergétique » a été réduit, avec désormais un seul des deux systèmes de secours initialement prévus.
Plus impopulaire, la décision du COJO de renoncer à la gratuité des transports publics pour les spectateurs en possession d’un billet. L’idée figurait en toutes lettres dans le dossier de candidature. Elle a été rayée. Economie réalisée : 45 millions d’euros.