Candidatures

Pour les Jeux d’hiver, le CIO rebat toutes les cartes

— Publié le 7 décembre 2022

Qui l’eût cru ? En pleine campagne pour les Jeux d’hiver en 2030, le CIO a pris tout le monde par surprise en annonçant, mardi 6 décembre, sa décision de rebattre les cartes. Et même, allez, de bouleverser les règles.

Un candidat « privilégié » était attendu, seul autorisé à poursuivre le dialogue avec l’instance olympique et sa commission de futur hôte. Il risque de se faire encore attendre. Le choix de la ville des Jeux d’hiver 2030 était prévu pendant la Session de Mumbai, en septembre ou octobre 2023. Il est repoussé à l’année suivante.

Le changement n’est pas mince. Il s’apparente même à une révolution.

Le CIO l’a expliqué mardi 6 décembre, au deuxième jour de la réunion à Lausanne de sa commission exécutive : la course aux Jeux d’hiver 2030 est mise en pause. L’instance veut se donner du temps. Aux candidats de s’adapter et se montrer patients.

Tout semblait pourtant à peu près clair. Sapporo s’avançait en favori. Salt Lake City penchait pour l’édition 2034, plus compatible en termes de marketing avec les Jeux de Los Angeles en 2028, mais sans fermer complètement la porte à l’option 2030. Vancouver, de son côté, était annoncé comme forfait pour la suite du processus, faute du soutien du gouvernement de la Colombie-Britannique, mais les comités olympique et paralympique canadiens espèrent toujours raviver la flamme.

Deux candidats, donc, voire un troisième en cas de miracle sur le front canadien. Jouable. Mais depuis mardi 6 décembre, les choses ont changé. La campagne n’en est plus une. Elle tourne au jeu des devinettes.

Le CIO l’explique dans un communiqué : sa commission exécutive a « pris connaissance d’un rapport détaillé de la commission de futur hôte pour les Jeux olympiques d’hiver, placée sous la direction d’Octavian Morariu. Cette présentation a donné lieu à une discussion plus large sur le changement climatique, la durabilité des sports d’hiver et les opportunités et défis pour l’avenir. »

En clair, elle a conduit Thomas Bach et sa garde rapprochée à jeter aux orties tout ou partie du dossier « Jeux d’hiver 2030 ». Pour en ouvrir un autre, sans s’interdire le moindre scénario.

A ce stade, une seule certitude : la ville-hôte des Jeux d’hiver 2030 ne sera pas désignée l’an prochain lors de la 140ème session du CIO à Mumbai. Elle devrait l’être un peu moins d’une année plus tard, à Paris, lors de la session suivante prévue avant le début des Jeux olympiques de 2024.

Pour le reste, tout est possible. Parmi les idées évoquées par le CIO, une « rotation des Jeux olympiques d’hiver au sein d’un groupe d’hôtes« , formule suffisamment opaque pour ouvrir la porte à toutes les interprétations. Mais, aussi, une proposition selon laquelle les hôtes devraient « enregistrer des températures minimales moyennes inférieures à zéro degré sur les sites de compétition des sports de neige aux dates des Jeux sur une période de dix ans. » Enfin, le serpent de mer d’un double vote 2030-2034 est ressorti pendant la réunion de la commission exécutive, mardi 6 décembre. Mais « aucune conclusion n’a toutefois été tirée, car cette question nécessite d’être plus approfondie. »

Officiellement, le CIO veut donc se donner du temps. Pour plancher sur l’avenir des Jeux d’hiver, leur programme, leur concept. Pour discuter, également, des effets du changement climatique sur un événement de plus en plus impacté par le réchauffement de la planète.

Surtout, le CIO veut donner du temps aux candidats. En repoussant le choix de près d’une année, l’instance offre un bol d’air aux Japonais de Sapporo pour se délester du fardeau du scandale de corruption lié aux Jeux de Tokyo 2020, aux Américains de Salt Lake City pour trancher enfin la question 2030-2034, voire aux Canadiens de Vancouver de repêcher un projet balancé dans la baie des Anglais par les autorités de la province.

En rêvant un peu, le CIO pourrait aussi donner le temps à un nouveau candidat, voire plusieurs, de se joindre à la course. L’Allemagne, par exemple. Son comité national olympique (DOSB) a voté en fin de semaine passée en faveur d’une future candidature olympique. Son choix reste ouvert quant à la date et au lieu. Mais il n’exclut pas de viser les Jeux d’hiver.