Le Canada a débuté les Jeux d’hiver de Sotchi pied au plancher. Au 5ème jour de la quinzaine, mardi 11 février, son équipe pointait au deuxième rang du classement des médailles, avec 9 places sur le podium, dont 4 titres. La Norvège fait mieux. Mais les Etats-Unis restent nettement derrière. Pas si fréquent.
Le pays s’en réjouit. On le comprend. Mais l’enthousiasme canadien penche surtout vers l’est. Ce départ en trombe, l’équipe à la feuille d’érable le doit surtout à ses Québécois. Depuis le début des Jeux, on parle beaucoup français sur les podiums et les salles de conférence de presse des Canadiens. Lundi 10 février, Alex Bilodeau et Mikaël Kingsbury, auteurs d’un doublé dans l’épreuve des bosses du ski acrobatique, où le premier a conservé son titre olympique, ont répondu d’abord en français aux questions des médias, avant de « traduire » en anglais pour les journalistes non francophones.
En short-track, la victoire de Charles Hamelin en finale du 1500 m a gonflé elle aussi la fierté québécoise. Le patineur a expliqué que le shot-track restait, au Canada, l’affaire des athlètes du Québec. A Sotchi, ils sont sept dans une délégation de dix représentants. « Une affaire de tradition, a suggéré sa compagne, Marianne St-Gelais, engagée elle aussi dans les épreuves olympiques. Nous avons toujours eu des grands patineurs au Québec. Les anciens ont inspiré les plus jeunes. »
Quotidien canadien anglophone, le Globe and Mail analyse le phénomène par la qualité des infrastructures dans la province du Québec, où les moyennes montagnes se révèlent très favorables à la pratique du ski, alpin et acrobatique, et du snowboard. Mais le journal se demande si ces succès olympiques ne risquent pas de réveiller le débat sur la souveraineté de la province.
Les athlètes,eux, avouent vivre ce multilinguisme sans le moindre embarras. Jessica Hewitt, l’une des rares non québécoises de l’équipe de short-track, originaire d’une petite station de Colombie Britannique, explique: « A mon arrivée en équipe nationale, j’ai eu un peu de mal à m’intégrer, notamment à cause de la langue. Mais tout le monde m’a rapidement acceptée. On s’amuse beaucoup, même si je ne comprends pas toujours les blagues québécoises. »
L’équipe canadienne de short-track a même eu l’idée de consacrer quelques heures par semaine à des cours de français. Mais l’initiative n’a pas duré. « Avec ce mélange, on progresse nous aussi en anglais, donc tout le monde y gagne quelque chose », raconte Marianne St-Gelais.