Le feuilleton de la campagne de candidature aux Jeux d’hiver de 2030 réserve son lot de surprises. Longtemps soporifique, il se révèle désormais assez passionnant.
Après le retrait quasi officiel de Vancouver, puis l’annonce par la commission exécutive du CIO du report à l’année 2024 de l’attribution de l’événement olympique et paralympique, le dernier épisode pourrait rebattre toutes les cartes. Il concerne directement le dossier supposé favori pour la victoire finale.
L’agence Kyodo News rapporte que les autorités de Sapporo et le Comité olympique japonais (JOC) ont tenu mardi 20 décembre à Tokyo une conférence de presse. Ils ont annoncé leur décision, prise d’un commun accord, de mettre en pause la campagne de candidature aux Jeux d’hiver 2030.
« Nous devons d’abord dissiper le malaise du public, plutôt que de nous précipiter aveuglément en avant sans tenir compte des circonstances« , a expliqué le maire de Sapporo, Katsuhiro Akimoto.
En pause, donc, mais sans la moindre certitude de poursuivre à coup sûr l’aventure. Au cours de la même conférence de presse, les deux parties aux manettes du projet – Sapporo et le Comité olympique japonais – ont également annoncé leur intention de lancer prochainement une consultation auprès du public sur l’opportunité de rester dans la course. Dans le contexte actuel, miné par l’enquête de la justice sur des soupçons de corruption aux Jeux de Tokyo 2020, il serait surprenant de voir les Japonais se déclarer en masse favorables au projet olympique.
Selon plusieurs sources proches du dossier, un nouveau projet devrait être finalisé au printemps prochain, avant une enquête d’opinion lancée pendant les mois d’été.
La décision des Japonais peut surprendre. Elle n’était pas attendue. Mais elle s’explique facilement. L’annonce par la commission exécutive du CIO du report de l’attribution des Jeux d’hiver 2030 donne du temps, et de l’air, aux candidats annoncés ou à venir. L’équipe de Sapporo 2030 a saisi l’occasion pour ralentir l’allure, voire l’arrêter totalement, le temps de laisser l’affaire des Jeux de Tokyo disparaître de l’actualité.
Selon Kyodo News, l’équipe de candidature souhaiterait profiter de cette mise en pause pour modifier son approche et revoir sa stratégie. Seiko Hashimoto, l’ex présidente du comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020, a récemment suggéré de revoir le projet de Sapporo 2030, notamment sur le plan budgétaire.
Quant au gouverneur de la préfecture d’Hokkaido, Naomichi Suzuki, il a déclaré la semaine passée que la candidature ne pouvait pas continuer dans les conditions actuelles. « Nous ne pouvons pas aller de l’avant à moins d’avoir des discussions approfondies et de présenter des contre-mesures pour gagner la confiance du public, a-t-il expliqué. Les gens s’inquiètent de l’effet que les scandales pourraient avoir sur la candidature. Je veux d’abord que la vérité éclate le plus vite possible. »
Question : Sapporo 2030 survivra-t-elle à une mise en pause de plusieurs mois ? Difficile de répondre. Mais les Japonais courent le risque de voir la dynamique de leur candidature s’interrompre sans pouvoir repartir. Ils donnent également des arguments aux opposants aux Jeux olympiques, déjà relancés par les révélations du scandale de corruption lié aux Jeux de Tokyo 2020.
Dans un tel scénario, le CIO se retrouverait dans la position peu enviable d’un non-choix pour les Jeux d’hiver 2030, avec Salt Lake City seule en course. Une candidature américaine qui n’a jamais fait mystère de sa préférence pour les Jeux en 2034.