Le COJO Paris 2024 en a pris l’habitude. Une habitude dont Tony Estanguet et son équipe se passeraient volontiers. Les rapports des juridictions françaises lui font l’effet de poil à gratter, surtout lorsqu’ils sont rédigés par la Cour des Comptes. Ils le démangent et gênent sa démarche.
Le dernier en date doit être présenté ce mardi 10 janvier devant l’Assemblée nationale et la commission de la culture, l’éducation et la communication du Sénat. L’AFP en a obtenu une copie avant sa présentation. Il sera publié mercredi.
Précision : le document a été rédigé avant la dernière révision budgétaire du COJO, dévoilée le mois dernier et validée par le conseil d’administration. Il est donc en partie déjà dépassé. Mais un nouveau rapport est attendu pour le premier semestre de l’année de la part de la même juridiction, excessivement concernée par le dossier olympique et paralympique.
Qu’en ressort-il ? Les risques, d’abord. La Cour des Comptes ne surprend personne en suggérant que la sécurité et les transports « restent des défis à relever et doivent faire l’objet d’une vigilance particulière des pouvoirs publics et du comité d’organisation« . Tout sauf une découverte.
Sur la sécurité, dossier classé à haut risque pour toutes les éditions des Jeux, le rapport pointe surtout le manque potentiel de forces de l’ordre. L’absence de bras, donc. La Cour des comptes recommande de « planifier l’emploi des forces de sécurité intérieure en veillant à l’équilibre entre la couverture des besoins pour les Jeux et de ceux de la sécurité sur l’ensemble du territoire national« . Elle préconise de « stabiliser les besoins de sécurité privée et d’établir les mesures alternatives pour pallier ses probables carences« . Enfin, elle recommande de « finaliser avant la fin du premier semestre 2023 le plan global de sécurité des Jeux« .
Rien de nouveau sous le soleil. Depuis la sortie de la crise sanitaire, la sécurité, publique et privée, figure en bonne place dans la liste des secteurs en manque de personnel. Le COJO le sait. Les autorités politiques également. Les réunions se sont multipliées entre les acteurs concernés, au cours des derniers mois, pour plancher sur la question. Le rapport de la Cour des Comptes n’apprendra rien aux uns et aux autres.
Autre risque surligné d’un trait épais : les transports. Là aussi, pas vraiment un scoop. Au même titre que la sécurité, le secteur peine actuellement à recruter. Les chauffeurs se font rares. Quant aux opérateurs privés, ils ne semblent pas pressés de s’engager dans l’aventure des Jeux olympiques, pour preuve l’échec de l’appel d’offres lancé en fin d’année passée par Ile-de-France Mobilités pour le transport en bus des personnes accréditées.
Le rapport de la Cour des Comptes insiste : « Certains projets présentent à ce stade des incertitudes sur leur délai de livraison et renforcent la tension sur le réseau de transport existant. Plusieurs opérations d’infrastructures (…) présentent des risques majeurs du fait de calendriers d’ores et déjà tendus et sans véritable marge de manoeuvre. Si elles n’étaient pas achevées pour les Jeux, il en résulterait une tension difficilement soutenable sur les lignes fortement sollicitées, avec les risques associés d’incidents et d’engorgements pour les usagers du quotidien. »
Après les risques, les critiques. Elles se concentrent sur le budget, revu à la hausse en décembre dernier (+ 10%), désormais fixé à 4,380 milliards d’euros. Prévisible.
Mais, plus que la courbe ascendante des coûts, compensée aux dires du COJO par une augmentation des recettes, le rapport de la Cour des Comptes pointe les retards dans la signature de contrats pour l’utilisation des sites de compétition, dont le Stade de France.
« Au début du mois de novembre 2022, seules onze des 80 conventions d’utilisation prévues avaient été signées, relève le document. Ces décalages successifs exposent désormais le comité à un risque avéré, du fait des conséquences en chaîne qui en résultent sur la préparation des Jeux et, en particulier, pour la conclusion des négociations sur le modèle externalisé de livraison des Jeux« .
Enfin, la Cour des Comptes se déclare incapable aujourd’hui, face à une telle incertitude, d’estimer le coût définitif des Jeux de Paris 2024. Mais elle se veut catégorique : l’équilibre final du budget du COJO reste plus que fragile.