Les athlètes russes et biélorusses retrouveront-ils bientôt une place dans les compétitions internationales ? A la lecture du dernier communiqué du CIO, publié mercredi 25 janvier au terme de la réunion de sa commission exécutive, la réponse ne fait plus aucun doute. Elle est positive.
Tous les détails ne sont pas réglés. La date, surtout, d’un retour sur sa scène internationale. Mais la voie est dégagée. Le CIO a consulté les « parties prenantes« , fédérations internationales, comités nationaux olympiques, commissions des athlètes. Il en est ressorti, à l’évidence, un consensus pour ne plus exclure les athlètes russes et biélorusses pour le seul motif de leur nationalité.
Seul ennui, mais de taille : la position du CIO n’est soutenue ni par l’Ukraine ni par la Russie. Dans le cas de l’Ukraine, c’était attendu. Pour la Russie, ça l’était un peu moins.
Au lendemain de l’annonce du CIO, les autorités de Kiev ont réagi sans nuance. Vadym Guttsait, le ministre des Sports, également président du comité national olympique et de la Fédération ukrainienne d’escrime, a brandi la menace d’un boycott des Jeux de Paris 2024 si la Russie était présente.
« Une telle situation est inacceptable pour notre Etat, a-t-il réagi sur son compte Facebook. Notre position reste inchangée : tant que la guerre continue en Ukraine, les athlètes russes et biélorusses ne devraient pas participer aux compétitions internationales. Si nous ne sommes pas entendus, je n’exclus pas la possibilité que nous boycottions et refusions de participer aux Jeux olympiques. »
La déclaration de Vadym Guttsait intervient quelques jours après une prise de position tout aussi radicale du chef de l’Etat ukrainien, Volodymyr Zelensky. En début de semaine, il a profité d’un échange téléphonique avec Emmanuel Macron pour demander au président français que les athlètes russes ne participent pas aux Jeux de Paris 2024.
La menace d’un boycott du prochain rendez-vous olympique a déjà été brandie en tout début d’année par le Norvégien Gerhard Heiberg, ancien membre de la commission exécutive du CIO, aujourd’hui envoyé par la limite d’âge dans les rangs des membres honoraires. Le dirigeant scandinave avait suggéré : « Le plan visant à réfléchir à des conditions acceptables pour la réintégration des athlètes russes arrive beaucoup trop tôt (…) Les voisins de l’Ukraine pourraient bien recourir au boycott. »
Moins attendue, la réaction de Moscou. Certes, les autorités politiques et sportives russes ont commenté l’annonce du CIO en la qualifiant de « bon sens« . A leurs yeux, le CIO se prépare à « corriger une erreur« .
Mais les conditions énoncées par l’instance olympique pour un retour des athlètes russes et biélorusses font tousser les officiels de Moscou. En tête de liste, l’exigence de neutralité politique avancée par la commission exécutive du CIO. La Russie veut envoyer ses athlètes aux Jeux de Paris 2024, mais elle se refuse à voir les fédérations internationales sélectionner les candidats éligibles en fonction de leur présumée prise de position sur le conflit en Ukraine.
Pour Oleg Matytsin, le ministre russe des Sports, les conditions posées par le CIO ne sont pas acceptables. « Nous considérons qu’il est inacceptable de déterminer des conditions spéciales de participation des athlètes, c’est incompatible avec la Charte olympique, les principes d’égalité et d’équité« , a-t-il expliqué.
Même son de cloche chez Stanislav Pozdnyakov, le président du Comité olympique russe (ROC). « Je perçois l’information en provenance du CIO comme une tentative de faire un pas vers les athlètes, a-t-il déclaré. Mais en même temps, malheureusement, c’est aussi deux pas dans la direction opposée. Nous sommes catégoriquement en désaccord avec les restrictions, les exigences supplémentaires et les sanctions liées à la nationalité de nos athlètes et qui nous sont à nouveau proposées comme condition pour revenir sur la scène internationale. »
Selon Stanislav Pozdnyakov, le ROC envisage de demander une analyse légale de la déclaration de la commission exécutive du CIO.