Le CIO l’annonce, les fédérations internationales le confirment, le COJO Paris 2024 le certifie : les instances et les grands événements du sport international joueront leur rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique. Un rôle moteur. Promis, juré. Les athlètes, eux, parlent moins fort. Mais ils agissent.
Aux Mondiaux de ski alpin, organisés jusqu’au 19 février dans les stations françaises de Courchevel et Méribel, l’équipe américaine a débarqué sur les pistes habillée d’une combinaison inédite. Elle porte un message, écrit en lettres bleues sur l’encolure : Protect our winters (photo ci-dessus). Protéger nos hivers, le nom d’une ONG basée aux Etats-Unis – POW -, crée en 2007 par un ancien snowboarder professionnel, Jeremy Jones.
La combinaison bleue et blanche illustre également, par son design, le réchauffement de la banquise et la fonte des icebergs. Elle a été conçue par la marque italienne Kappa, l’équipementier de l’équipe américaine, en collaboration avec POW.
Explication de Sophie Goldschmidt, la présidente et directrice générale de la Fédération américaine de ski et snowboard (U.S. Ski & Snowboard), citée par AP : « Une combinaison de course ne résout pas le problème du changement climatique, c’est une évidence, mais elle peut faire passer un message, faire parler du problème, et montrer que la fédération et ses athlètes s’engagent pour l’avenir de la planète. »
Meneur de la campagne, le descendeur Travis Ganong. Trente-quatre ans depuis juillet dernier, une présence sur le Cirque Blanc depuis 2006, après une enfance à Lake Tahoe, en Californie. Le réchauffement climatique, il en parle comme d’une menace à très court terme.
« Je m’inquiète vraiment du moment où il n’y aura plus de neige, explique-t-il. Sans neige, il n’y a plus de ski. En Coupe du Monde, j’ai vu les choses changer d’une saison à l’autre. Les événements sont de plus en plus à la limite. Dans certains lieux mythiques du ski, comme comme Kitzbühel, où l’histoire et les enjeux économiques sont considérables, tout est fait pour maintenir la tradition. Mais cela pose question en termes de durabilité. Faut-il vraiment continuer ainsi ? Quel message envoyons-nous au public sur la façon dont notre sport s’adapte ? »
L’Américain l’a expliqué : un groupe de skieurs internationaux prépare une lettre à envoyer à la Fédération internationale de ski et snowboard (FIS). Elle demandera à l’instance de prendre une position plus ferme, et plus visible, sur les mesures pour lutter contre le réchauffement climatique. « La FIS devrait être en première pour insuffler le changement », suggère Travis Ganong.
Plus radicale, l’initiative de la jeune athlète britannique Innes Fitzgerald. A seulement 17 ans, elle a fait sensation la semaine passée en expliquant, dans un courrier à la Fédération britannique d’athlétisme (UK Athletics), sa décision de renoncer à participer aux Mondiaux de cross-country, prévus le 18 février 2023 à Bathurst, en Australie.
En cause, l’empreinte carbone d’un long voyage en avion entre Londres et Sydney. Elle a été calculée par la BBC à 6,7 tonnes de CO2 pour un passager sur un vol direct.
« Représenter mon pays aux Mondiaux en Australie est un privilège, a écrit Innes Fitzgerald. Quand j’ai commencé à courir, participer aux Mondiaux relevait du rêve. Cependant, c’est avec un immense regret que je me dois de décliner cette opportunité. J’avais 9 ans quand l’accord de Paris pour le climat a été signé. Huit ans plus tard, non seulement les émissions de gaz à effets de serre ne baissent pas, mais elles augmentent toujours plus. Sachant cela, je ne veux pas que ma participation à une compétition implique de prendre l’avion, c’est-à-dire implique de causer des dommages aux populations les plus fragiles, à leur mode de vie, leur habitat, à tout ce qu’ils aiment. »
Innes Fitzgerald ne fera pas le voyage vers l’Australie. Les skieurs américains, eux, se jetteront dans les pentes des Mondiaux 2023 en portant sur le corps un appel à la protection de l’environnement. Deux messages, une même cause. Les athlètes mènent le changement.