Tout a été dit sur les Jeux de Sotchi. Le pire, surtout. Leur budget extravagant, leur gigantisme, leur forte odeur de corruption, l’omniprésence de Vladimir Poutine… Mais qu’en pensent les athlètes ? Comment comparent-ils Sotchi avec les éditions passées ? Quels regards portent-ils sur l’événement ?
Pour répondre, un « expert » de la quinzaine olympique : Jasey Jay Anderson, 38 ans, 5 Jeux olympiques dans la besace. Le Canadien, spécialiste du snowboard, a fait ses débuts à Nagano en 1998. Il a connu Salt Lake City en 2002, puis Turin en 2006, et Vancouver en 2010, où il a décroché la médaille d’or du géant parallèle. Il a débarqué à Sotchi en fin de première semaine. Il raconte :
« Pour comparer les Jeux de Sotchi avec les précédents, je dirais qu’ils sont différents. Très différents. Plus grands, vraiment beaucoup plus grands que tous ceux que j’ai connus durant ma carrière. Tellement grands que la première impression est étrange. Ca semble exagéré. Les Russes ont dépassé 50 milliards de dollars. C’est fou. Avec mes collègues de l’équipe du Canada, on a calculé que ça représentait plus de 16 millions de dollars par athlète. Je me demande comment vont faire les organisateurs des Jeux d’hiver suivants.
Mais l’argent n’a jamais fait les Jeux olympiques, ce sont les gens qui les font. C’est la couleur du peuple qui les reçoit. Les Jeux olympiques ne sont pas une affaire de budget. Ils se construisent avec des histoires, les histoires que nous écrivons, nous les athlètes, du premier au dernier jour.
J’ai vécu mes premiers Jeux à Nagano en 1998. Je ne sais pas combien les Japonais avaient dépensé, mais j’en garde un souvenir très fort. A Turin, en 2006, les Italiens avaient été critiqués car ils étaient en retard. Le bâtiment où nous étions logés, avec l’équipe du Canada, était tout juste prêt. Je crois qu’il n’a plus jamais servi depuis la fin des Jeux. Mais j’en conserve aussi un très grand souvenir.
Pour être honnête, je ne pensais pas beaucoup de bien des Jeux de Sotchi avant d’arriver. J’en avais une idée négative. Mais tout est parfait : les installations, le logement, la nourriture… Je suis sûr qu’ils seront de très beaux Jeux. Différents mais très beaux. »