La belle unité du mouvement olympique sur la question russe et biélorusse serait-elle en train de se fissurer ? Moins de trois mois après le Sommet olympique de Lausanne, où le CIO a exprimé sa volonté d’explorer une voie permettant un retour des athlètes des deux pays dans les compétitions internationales, un comité national olympique a publiquement pris position contre une telle éventualité.
Ironie de l’histoire : cette première voix discordante parle allemand. Comme Thomas Bach.
Le numéro 2 du Comité national olympique allemand (DOSB), Torsten Burmester, l’a clairement expliqué mardi 28 février : le retour des sportifs russes et biélorusses sur la scène internationale est encore prématuré. Il est beaucoup trop tôt pour l’envisager, selon lui.
« De notre point de vue, le bon moment n’est pas encore venu d’autoriser à nouveau les sportives et sportifs avec un passeport russe ou biélorusse dans les compétitions internationales, a-t-il suggéré. Les actes de guerre se sont encore renforcés ces dernières semaines, en particulier les attaques contre les populations civiles. »
Pas de doute possible : Torsten Burmester s’exprimait non pas en son seul nom, mais au nom du DOSB. Il en est le secrétaire général. Surtout, ses propos ont été publiés sur le site Internet officiel du comité national olympique.
Toujours selon Torsten Burmester, l’instance allemande n’a jamais fait mystère de ses réticences à voir le mouvement olympique rouvrir la porte aux athlètes russes et biélorusses. Le DOSB a clairement affiché sa position lors d’une visioconférence organisée par le CIO le 19 janvier dernier avec les comités nationaux olympiques.
Certes, une majorité s’était alors dégagée pour donner son feu vert à une « exploration » par le CIO des moyens possibles pour lever la suspension des athlètes des deux pays. Mais l’Allemagne s’était rangée dans le camp des opposants.
« Nous avons clairement présenté notre position, détaille Torsten Burmester. Nous ne pouvons imaginer une réintégration – si elle devait être décidée – que sous de très strictes conditions. Une véritable neutralité doit être garantie, sans drapeau, symbole national, couleur et hymne. Des scènes comme à PyeongChang, Tokyo ou Pékin ne peuvent pas se répéter. »
La prise de parole du comité olympique allemand déplacera-t-elle l’équilibre du débat ? Possible. Elle est la première d’une instance nationale majeure du mouvement olympique à se ranger dans le camp du refus d’un retour à court terme de la Russie et de la Biélorussie, un camp jusque-là surtout occupé par les représentants des gouvernements.
Pour les athlètes des deux pays belligérants, les déclarations du numéro 2 du DOSB sonnent comme une mauvaise nouvelle. Elles traduisent sans la moindre ambiguïté une opposition tranchée à la démarche entamée en fin d’année par le CIO. Mais elle n’est pas la seule mauvaise nouvelle.
L’agence TASS rapporte que la question d’un possible retour des patineurs artistiques russes dans les compétitions internationales ne figure même pas à l’ordre du jour de la prochaine Conférence mondiale de l’Union internationale de patinage (ISU), prévue en marge des Mondiaux 2023 à Saitama, au Japon (20 au 26 mars).
Le directeur général de la Fédération russe de patinage artistique (FSFR), Alexander Kogan, l’a reconnu mardi 28 février en réponse à une question d’un journaliste de TASS : « Permettre aux Russes de participer à des compétitions internationales ? L’ordre du jour de la conférence a été approuvé. Et il ne prévoit aucune question de cet ordre. »
Pour rappel, l’ISU a suspendu dès le 1er mars 2022 tous les athlètes russes et biélorusses de ses compétitions, en patinage artistique, patinage de vitesse et short-track. A l’évidence, la suspension est plus que jamais d’actualité. Elle ne fait même pas débat.