Jean-Claude Killy connaît bien Sotchi. De tous les membres du CIO, il est certainement le plus familier des lieux. En sa qualité de président de la commission de coordination des Jeux de 2014, le triple champion olympique de ski alpin a multiplié les voyages en Russie au cours des sept dernières années. A son dernier pointage, il en serait à une quarantaine. Un record. Le Français l’a pourtant avoué dans une interview accordée au Wall Street Journal, il n’avait pas pris conscience du retard pris par les Russes dans la construction des hôtels à Sotchi et dans les stations d’altitude.
« Les signaux d’alarme se sont déclenchés en septembre dernier, explique Jean-Claude Killy. J’ai effectué une visite à Sotchi spécialement pour cette question. J’ai demandé ce que nous devions faire. Et j’ai dit aux Russes qu’ils ne pourraient pas organiser les Jeux s’ils n’étaient pas en mesure de loger les gens. »
Le « coup de gueule » de Jean-Claude Killy a eu l’effet escompté. Les organisateurs et les sociétés privées russes ont mis les bouchées doubles, allant jusqu’à recruter 100.000 ouvriers du bâtiment travaillant 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 au cours des dernières semaines. Un plan d’urgence dont la facture atteindrait plusieurs millions d’euros.
Jean-Claude Killy raconte également avoir alerté Vladimir Poutine de la réalité du problème. Là aussi, le résultat a été spectaculaire. « En devenant ami avec lui, je pouvais lui demander quelque chose et voir les choses changer en moins de deux heures. C’est très impressionnant », reconnaît-il.
Jean-Claude Killy le dit sans nuance: la « leçon » de Sotchi devra être retenue par le CIO. Surtout, elle devra alerter les organisateurs des Jeux de Rio de l’urgence de mettre les bouchées doubles. Leur retard est jugé « dramatique » par un grand nombre d’experts, notamment dans la construction de certains sites et du village des athlètes. « Ils vont souffrir », prévient Jean-Claude. Leur budget aussi.