Lundi 6 mars Amélie Oudéa-Castéra, Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, a réuni les acteurs de l’écosystème du sport français, en présence d’Isabelle Lonvis-Rome, Ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, pour le sixième atelier de travail d’Impulsion Politique et de Coordination stratégique (IPCS), dédié cette fois-ci au sport féminin.
Les résultats du tout récent baromètre national des pratiques sportives de l’INJEP (mars 2023) sont encourageants : le nombre de femmes pratiquant occasionnellement a augmenté de 8 points entre 2018 et 2022, pour atteindre 71%. Néanmoins, ce chiffre demeure inférieur à celui de la pratique masculine (73%) et seulement 39% des licenciés de nos fédérations sont des femmes. Surtout, le décrochage de la pratique féminine se fait dès les habitudes prises dans les cours de récréation et il s’accentue à l’adolescence : seulement 20% des jeunes filles de 11 à 14 ans atteignent les recommandations de l’OMS de 60mn d’activité physique quotidienne (contre 34% pour les garçons) et un tiers des collégiennes ne font plus aucun sport en dehors de leur établissement scolaire dès la classe de troisième. Une problématique spécifique de rupture dans la pratique existe aussi pour les jeunes mamans après l’arrivée d’un enfant.
Concernant le haut niveau, les écarts sont également persistants : seulement 38 % des sportifs inscrits sur listes sont des femmes, et l’actualité récente nous a montré que les compétitions et règlements sportifs ne prenaient pas encore suffisamment en compte les enjeux spécifiques liés à la maternité, alors que 25% des sportives de haut niveau et des sportives professionnelles sont ou se sentent directement concernées par cet enjeu. Le sport professionnel féminin doit par ailleurs mieux trouver son modèle économique (ses recettes de sponsoring sont par exemple 5 fois moins élevées que celles du sport masculin) et bénéficier d’une médiatisation accrue (moins de 5% de l’ensemble de la couverture sportive télévisuelle en 2021).
1/ Pour développer la pratique féminine à tous les âges de la vie, 5 actions seront entreprises :
- Le Ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques (MSJOP) lance un plan visant à accompagner le déploiement des cours d’école actives : 200 cours d’école seront cofinancées par un appel à projet à hauteur de 1M€ via l’Agence Nationale du Sport (ANS), en collaboration avec Paris 2024.
- Le mouvement sportif, notamment via le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), l’Union Nationale du Sport scolaire (UNSS) et les fédérations, impulsera de nouvelles actions ciblées à destination des adolescentes (offres de loisir et ludiques, programme 2h en + pour les collégiens), des jeunes mamans (sport-santé) et jeunes parents (formules baby, synchronisation des cours parents-enfants) pour lutter contre le décrochage de la pratique, dans le cadre d’un renforcement des bonnes pratiques ludo-sportives et de mixité dans l’offre des fédérations.
- Le MSJOP travaillera également avec Santé Publique France à l’enrichissement de la plateforme et de l’application « 1000 premiers jours », notamment pour un meilleur aiguillage des jeunes parents vers une offre de pratique adaptée à leur nouveau contexte et si besoin vers les Maisons Sport Santé.
- Priorité sera par ailleurs donnée à la construction et à la rénovation des vestiaires dans le cadre des orientations 2023 de l’ANS concernant les équipements structurants.
D’autres mesures bénéfiques à la pratique féminine seront annoncées lors de prochains ateliers consacrés au handicap (mai), au sport en milieu professionnel (juin), puis au sport-santé et à l’activité physique des seniors (septembre). De la même façon, un temps dédié sera organisé en avril sur les métiers du sport, intégrant la problématique de leur nécessaire féminisation dans un contexte où 33% seulement des éducateurs sportifs sont des femmes.
2/ Pour mieux accompagner les sportives professionnelles et de haut-niveau en matière de protection sociale, et notamment en cas de maternité, 8 mesures seront mises en œuvre :
- Sur le modèle de la convention DIHANE garantissant une meilleure protection sociale aux joueuses de handball grâce à l’accord entre l’AJPH[1], l’UCPHF[2] et le syndicat des entraineurs 7Master, les acteurs du basketball féminin ont annoncé la signature prochaine de leur propre convention.
- Le Vendée Globe a annoncé la mise en place d’un comité, présidé par Patricia Brochard et composé de médecins, skippeuses et skippers, chargé de proposer des solutions pour le VG2028 pour assurer une meilleure intégration de la maternité et de la parentalité dans le règlement de la compétition
- Le MSJOP va prolonger l’inscription sur liste de 1 à 2 ans pour les sportives de haut-niveau en cas de maternité et renforcer ainsi leurs garanties en cas d’impacts sur leurs performances et leurs classements.
- Un nouveau critère d’attribution lié à la parentalité sera introduit dans le dispositif des aides personnalisées délivrées par l’ANS, tant pour les sportives que pour les sportifs de haut niveau qui ont un nouvel enfant.
- La maternité sera désormais systématiquement intégrée comme un enjeu à couvrir dans les projets de performance fédéraux discutés entre l’ANS, les fédérations et le MSJOP pour favoriser la mise en place de conventions d’accompagnement adaptées.
- Une cellule opérationnelle (comprenant notamment l’ANS et l’INSEP) transversale aux fédérations sera créée pour aider celles-ci à mieux accompagner les sportives dans leurs démarches et dans l’organisation de leur maternité (reprise de l’entraînement, allaitement, déplacements, etc.).
- La direction des sports du MSJOP procèdera pour le 1er juin 2023 à l’analyse des règlements sportifs des grandes catégories de disciplines et de compétitions afin de veiller à la prise en compte équitable des situations de maternité vécues par nos sportives dans leur carrière.
- La formation des encadrants sportifs aux enjeux de parentalité et de santé des femmes sera intensifiée dans les Conventions pluriannuelles d’objectifs du CNOSF, du Comité paralympique et sportif français (CPSF) et des contrats de délégation des fédérations.
3/ Pour accroître la médiatisation et renforcer le modèle économique du sport professionnel féminin, 5 annonces ont été faites par les acteurs :
- Une « task-force » réunissant les diffuseurs et les ayant-droit est constituée pour proposer à l’été des dispositions visant à accroître le volume de retransmission et la qualité de la diffusion du sport féminin, en liaison avec l’ARCOM.
- La MSJOP a annoncé que le décret concernant la liste des événements d’importance majeure (EIM) allait évoluer en faveur de la diffusion en clair du sport féminin (avec l’inclusion dans la liste des demi-finales et finales des coupes du monde de football et du rugby, du Tour de France et de la finale de la Ligue des champions) ainsi que du parasport.
- Le fonds audiovisuel de l’ANS sera augmenté de 1.5M€ à 2.5M€ avec un fléchage de l’enveloppe supplémentaire prioritairement sur le sport féminin.
- Jean-Michel Aulas, Président de la Commission du football féminin de haut niveau et de la Fédération Française de Football, s’est par ailleurs exprimé sur la création prochaine de la ligue de football féminin au sein de la 3F.
- Marie-Sophie Obama, Présidente Directrice Générale de l’ASVEL féminin, a annoncé conjointement avec Laurent Godet, Président des Neptunes de Nantes, la création d’un groupement d’intérêt économique de clubs professionnels féminins afin d’associer leurs compétences et d’accélérer leur développement économique.
- Une concertation est lancée avec les marques et les entreprises pour expertiser d’ici l’été 2023 l’ensemble des leviers économiques permettant d’augmenter l’engagement des sponsors dans le sport féminin.
La Conférence Permanente du Sport féminin, créée en 2017 par Thierry Braillard, est relancée pour structurer et renforcer la gouvernance du sport féminin et suivre la mise en œuvre des trois axes de ce plan d’action ainsi que de ses prolongements futurs. Sa nouvelle composition sera annoncée avant l’été 2023 par la MSJOP.
Amélie Oudéa-Castéra, Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques « Le sport fait du bien aux femmes, à tous les âges de la vie, et nous devons agir concrètement pour les aider à le ressentir, à le vivre. Tout comme il est décisif que nous donnions à nos championnes, 100 ans après les premiers Jeux féminins de Paris créés par Alice Milliat, un appui plus complet, que ce soit pour leur protection sociale et face aux spécificités de leur trajectoire comme la maternité ou pour fortifier les modèles économiques du sport professionnel féminin. »