Les athlètes russes participeront-ils aux Jeux de Paris 2024 ? A moins de 500 jours de l’événement (J – 494 ce lundi 20 mars), la question reste sans réponse. Le CIO assure « explorer une voie » pour les ramener sur la scène sportive internationale, mais sans se risquer à avancer un calendrier ou une approche concrète. Bref, le temps passe et rien ne se passe.
En Russie, une nouvelle voix vient de s’inviter dans le débat. Elle est prestigieuse. Vyacheslav Fetisov (photo ci-dessus, à droite, avec Vladimir Poutine), la légende du hockey sur glace, champion olympique avec l’URSS en 1984 à Sarajevo puis quatre ans plus à Calgary, a exprimé son point de vue lors d’une interview à l’agence TASS. Il est tranché. Mais, surprise, l’ancien défenseur passé par les rangs professionnels au sein de la NHL ne croit pas à un retour des athlètes de son pays dans les compétitions internationales.
« Pour que les choses se fassent, il faudrait des étapes, un véritable processus, a-t-il expliqué. Mais actuellement, je ne vois rien de tel. Certes, nous avons des joueurs d’échecs et de tennis qui évoluent au niveau mondial. Mais c’est à peu près tout. Nos hockeyeurs, également, peuvent jouer en NHL, mais cela n’a rien à voir avec la fédération internationale. »
Vyacheslav Fetisov évoque le cas de la Fédération internationale d’escrime (FIE), la première et la seule – en dehors de l’IBA qui est exclue du mouvement olympique – à s’être prononcée par vote pour un retour sous conditions des athlètes russes et biélorusses. « Elle a été longtemps dirigée par le Russe Alisher Usmanov, nous conservons donc encore une certaine influence et nos résultats sportifs sont très bons en escrime, suggère-t-il. Mais nous ne pouvons pas en dire autant des autres sports. »
Agé de 64 ans, Vyacheslav Fetisov n’est pas seulement l’un des plus grands hockeyeurs que la Russie ait connu. Souvent présenté comme un proche de Vladimir Poutine, il a été ministre des Sports. Il siège depuis 2016 à la Douma, la chambre basse du parlement russe. Membre du partie Russie unie, il comptait parmi les huit porteurs du drapeau olympique à la cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver de Sotchi en 2014.
A l’évidence, le Russe ne croit pas aux annonces du CIO quant à sa volonté d’explorer une voie permettant aux athlètes de son pays de retrouver la scène internationale. Il invite les fédérations sportives russes à se mobiliser et faire cause commune pour faire pression sur l’instance olympique.
« Nous devons faire pression sur le CIO, a-t-il expliqué à l’agence TASS, car jusqu’à présent il a émis des recommandations envers les fédérations internationales qui n’ont pas de valeur juridique. Nous entendons aussi Thomas Bach faire des recommandations, mais sans autorité officielle. »
Vyacheslav Fetisov n’est pas dupe du jeu du CIO et de son président, qui cherchent l’un et l’autre à gagner du temps. Mais le député russe le martèle : l’exclusion des athlètes russes depuis le début de l’invasion de l’Ukraine est contraire à la Charte olympique.
« Si cette exclusion est liée à l’opération militaire spéciale (en Ukraine), alors le CIO devrait inclure une nouvelle clause dans la Charte selon laquelle un pays impliqué dans un conflit militaire devrait être interdit d’événements internationaux, insiste Vyacheslav Fetisov. Mais dans un tel scénario, le CIO cesserait d’être une organisation sportive, pour devenir une organisation militaro-politique. Nous devrions lui demander de prendre cette décision ou de ramener nos athlètes sur la scène internationale. On dénombre actuellement plus de 25 conflits armés dans le monde, mais tout se concentre sur ce seul conflit, qui concerne notre pays. »