Le calendrier international 2023 en est la preuve : la crise sanitaire s’écrit désormais au passé dans le mouvement sportif. Les événements ont tous retrouvé leur place. Et, avec eux, le public dans les stades.
Mais, au-delà des apparences, comment se porte le marché des GESI (Grands événements sportifs internationaux) ? Quels en sont les acteurs clés ? Quelles perspectives pour les entreprises de la filière sport ?
A l’initiative de Business France, les Rencontres internationales des grands événements sportifs (RIGES) débattront de toutes ces sujets mardi 13 juin à Paris. Sébastien Vicente, en charge du sport à Business France, a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Après deux années difficiles, le marché des GESI s’est-il relevé, ou est-il en train de se relever, de la crise sanitaire ?
Sébastien Vicente : Le marché du sport fonctionne largement par anticipation : les appels d’offres, par exemple, s’organisent très à l’avance, pour des événements ayant lieu dans plusieurs années. Les projets, y compris les constructions de stades, se poursuivent. Les grands événements sportifs sont lancés ou annoncés. Aussi, les entreprises françaises doivent retourner sur le marché le plus rapidement possible pour se positionner, et ne pas laisser la concurrence européenne et internationale s’installer. Le rôle de Business France et de ses partenaires est de les accompagner en ce sens.
Quels sont les pays où les opportunités de marchés sont les plus importantes pour les entreprises de la filière sport ?
Nous élaborons une carte mondiale des pays prioritaires pour le sport, en utilisant des capteurs tels que les analyses de Business France dans le monde, les données du ministère des Sports et les retours des entreprises françaises. Nous évaluons les pays en fonction des grands événements sportifs à venir, mais aussi des plans quinquennaux des autorités politiques pour promouvoir la pratique du sport et sa place dans la société. La carte peut changer chaque année. Elle classe les pays en trois catégories : prioritaires, challengers et présentant un intérêt.
A quoi ressemble aujourd’hui cette cartographie ?
La liste de pays prioritaires pour notre cartographie est très diversifiée. Les États-Unis en font partie, en raison du Mondial de football en 2026 et des Jeux de Los Angeles en 2028. L’Arabie saoudite et l’Australie ont été ajoutées récemment. Nous nous concentrons également sur l’Afrique, où les gouvernements ont une forte volonté de promouvoir le sport dans la société. Le continent organisera les Jeux de la Jeunesse de 2026 à Dakar au Sénégal et les Mondiaux de cyclisme sur route en 2025 au Rwanda. Le Kenya, le Togo, la Tunisie, le Gabon et l’Afrique du Sud sont également ciblés. L’Inde, le Mexique, le Chili et le Japon offrent aussi des opportunités intéressantes. Pour l’année 2023, nous avons ajouté la Pologne et l’Allemagne à notre liste.
Le Qatar n’en fait plus partie ?
Le Qatar n’est plus considéré comme un pays prioritaire dans notre cartographie. Bien que nous ayons organisé des missions avec des entreprises françaises de l’industrie sportive pendant sept ans, nous avons constaté un certain essoufflement après le Mondial de football. Les opportunités y sont moins nombreuses et les entreprises moins demandeuses. Nous continuons de travailler avec le Qatar de manière individuelle, en accompagnant au cas par cas les entreprises qui souhaiteraient s’y rendre.
Les Jeux olympiques et le Mondial de football restent-ils les événements les plus porteurs pour des entreprises spécialisées dans le sport ?
Non. Les Jeux et le Mondial de football ne sont pas nécessairement les plus porteurs pour les entreprises spécialisées dans le sport. La taille d’un événement ne garantit pas forcément son potentiel pour une entreprise étrangère. Les Jeux de Los Angeles 2028 en sont un exemple : le marché américain est très mature et la concurrence est rude avec les entreprises américaines.
A moins de 500 jours de l’ouverture, les Jeux de Paris 2024 offrent-ils encore des opportunités pour la filière sport ?
Ils représentent une vitrine du savoir-faire français, en offrant une opportunité unique aux entreprises et organisations étrangères de découvrir notre expertise et notre solide expérience dans l’organisation d’événements sportifs internationaux. Des décideurs, fédérations internationales et comités d’organisation seront sur place pour observer nos compétences. Ces Jeux constituent également un levier pour l’exportation de nos produits et services. Business France fait le relais entre les investisseurs intéressés dans l’économie du sport et des acteurs nationaux et locaux de plus en plus nombreux à percevoir le potentiel du développement économique, territorial et social du sport. Nous proposons une véritable stratégie pour faire rayonner la France et les Jeux de Paris 2024 sur la scène internationale. Paris 2024 est un formidable outil de diplomatie économique pour la France.
Quelles activités proposent aujourd’hui les marchés les plus intéressants ?
L’offre de la filière sport française est très hétérogène et diversifiée : la construction, les infrastructures de transport, la sécurité, les nouvelles technologies appliquées au sport (tissus et objets connectés), le broadcasting, les équipements, infrastructures et services sportifs, l’événementiel, la communication, le marketing, la billetterie.
Quels sont les pays où la politique des autorités en matière de sport, notamment pour la pratique, ouvre les meilleures perspectives pour les entreprises ?
Les Emirats arabes unis ont une forte volonté de se positionner comme une destination de choix pour les événements sportifs internationaux, ce qui crée de nombreuses opportunités pour les entreprises de la filière sport. En Inde, la pratique sportive est en train de prendre de l’ampleur, avec une croissance de la demande pour les équipements et les infrastructures. En Côte d’Ivoire, le gouvernement a lancé un plan ambitieux pour le développement du sport, avec la construction de nouveaux stades et équipements sportifs. Le Mexique est un marché important, notamment pour les équipements et les services de conseil en gestion d’infrastructures sportives. Quant à la Chine, elle investit massivement dans le développement de la pratique sportive.
Comment accompagnez-vous les entreprises françaises ?
L’accompagnement peut être collectif, avec des missions d’entreprises à l’étranger, ou plus individuel avec une stratégie sur-mesure. Un voyage à l’étranger, comme au Sénégal en mai prochain, dure souvent quatre jours. Il est précédé d’un coaching des entreprises, centré notamment sur les règles et usage culturels du pays. Au Japon, par exemple, l’entrée dans une salle de réunion répond à un rituel très précis. Sur place, les entreprises rencontrent les décideurs, visitent les infrastructures, montrent leur savoir-faire. Puis un débriefing est effectué au retour, pour préparer la suite.
A quel type de concurrence doit faire face la France dans le domaine sportif ?
La concurrence est surtout britannique, américaine, chinoise et allemande. Les Britanniques et les Américains sont nos plus sérieux rivaux. Ils s’appuient comme nous sur une offre d’entreprises très solides dans le domaine du sport.