Avec seulement six participations au compteur, depuis ses débuts officiels aux Jeux de Sydney 2000, le taekwondo reste encore l’un des jeunots du programme olympique. Mais le choix du comité d’organisation de l’associer à l’escrime sur le site du Grand Palais, entre la Seine et les Champs-Elysées, lui offre une chance historique de gagner en lumière et en visibilité aux Jeux de Paris 2024.
Aux manettes de la discipline, au sein du COJO, le Français Mehdi Bensafi (photo ci-dessus). FrancsJeux poursuit avec cet ancien entraîneur sa série d’interviews des managers sport des Jeux de Paris 2024.
FrancsJeux : Votre vie avant le COJO Paris 2024 ?
Mehdi Bensafi : Je possède une longue expérience d’entraîneur de taekwondo. Pendant 15 ans, j’ai accompagné les équipes de France féminines, juniors et seniors. J’étais coach adjoint aux Jeux de Londres 2012, où la France a décroché deux médailles, puis entraîneur olympique principal quatre ans plus tard aux Jeux de Rio, où Haby Niaré a été médaillée d’argent. J’ai ensuite changé d’orientation, toujours à la Fédération française de taekwondo, pour devenir DTN adjoint en charge de l’innovation.
Votre expérience passée des Jeux olympiques ?
J’ai d’abord connu une expérience de coach, à Londres 2012 et Rio 2016. A l’époque des Jeux de Tokyo 2020, j’avais déjà rejoint le COJO Paris 2024. J’ai participé au programme des observateurs, mais j’ai fait le choix des Jeux paralympiques, où le para taekwondo faisait ses débuts. J’avoue avoir été très agréablement surpris par l’engouement des différentes nations pour l’événement. J’ai senti une très grande mobilisation des équipes, notamment pour étoffer l’encadrement et la préparation. Aujourd’hui, une médaille a la même valeur aux Jeux olympiques et paralympiques.
Un souvenir marquant des Jeux ?
Mon premier « souvenir », si on peut l’appeler ainsi, tient à l’histoire du taekwondo aux Jeux olympiques. Depuis ses débuts dans le programme, la discipline a permis d’apporter leur première médaille à un grand nombre de pays : le Niger, l’Afghanistan, la Côte d’Ivoire pour les filles, l’Iran également pour les filles… Mon second souvenir remonte à la finale féminine des Jeux de Rio 2016 en moins de 67 kg, perdue par Haby Niaré. Elle mène de six points, elle est battue d’un seul. L’argent est la seule médaille olympique décrochée au terme d’une défaite. Et je n’ai jamais connu l’or comme entraîneur de taekwondo.
Le dossier en tête de la pile sur votre bureau ?
Les transitions entre l’escrime et le taekwondo, aux Jeux olympiques comme aux paralympiques. Nous allons partager le même site, le Grand Palais. Il s’agit d’un dossier complexe, pour lequel nous devons pré-identifier toutes les étapes, puis avancer pas à pas. Nous aurons l’été prochain un test opérationnel, à la période des Jeux, sur le site de compétition, pour travailler tous les aspects de ce passage de l’escrime au taekwondo.
Le site du taekwondo et du para taekwondo : ses atouts, le défi dans la perspective des Jeux ?
Le Grand Palais est l’un des sites iconiques des Jeux de Paris 2024, un symbole culturel de la ville. Et, pour le taekwondo, un immense privilège de pouvoir en disposer pour les compétitions. Notre discipline n’est pas toujours très médiatisée, mais elle va ainsi bénéficier d’un formidable coup de projecteur. L’enjeu est d’importance, d’autant que le taekwondo a toujours été organisé dans des grands halls d’exposition, avec beaucoup d’espace. Cette fois, il faut réfléchir à la meilleure façon de s’intégrer dans un lieu historique où l’espace, la configuration du lieu et les déplacements présentent certains défis.
Paris 2024 sera une réussite pour le taekwondo si…
Aux Jeux olympiques, les athlètes et le staff vivent des moments et des émotions souvent indescriptibles. Même le public n’en a pas toujours conscience, malgré sa proximité. Paris 2024 sera une réussite pour le taekwondo si nous parvenons à partager ces émotions avec le public, sur place au Grand Palais ou à la télévision. Nous travaillons beaucoup là-dessus. Cela peut passer par l’animation sur le terrain, la présentation des athlètes et la communication faite autour d’eux, les outils à mettre à la disposition des spectateurs et téléspectateurs.