La date a longtemps semblé ne jamais vouloir se rapprocher. Initialement prévus en 2021, reportés d’une année, puis d’une autre, les Jeux de la Francophonie 2023 à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), ont franchi la semaine passée une nouvelle étape. L’événement sportif et culturel (28 juillet au 6 août) s’est glissé sous la barre symbolique des 100 jours avant l’ouverture.
A trois mois et quelques poignées d’heures des trois coups, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a invité toutes les « parties prenantes », mardi 25 avril, pour une conférence de presse à son siège parisien. La première du genre. Une opportunité, enfin, d’évoquer l’état de la préparation des Jeux à venir, organisés dans le plus grand pays francophone au monde, et la plus grande ville.
Isidore Kwandja Ngembo, le directeur du comité d’organisation, l’a reconnu sans chercher à nier l’évidence : la préparation de l’événement été marquée par des « conditions difficiles. » La construction des infrastructures a accusé un retard longtemps jugé incompressible. La crise sanitaire s’est invitée. Le projet de village des athlètes a été abandonné, les organisateurs congolais devant se rabattre sur un plan B, une modernisation des logements de l’Université de Kinshasa.
Mais Isidore Kwandja Ngembo l’assure aujourd’hui sans chercher ses mots : « Nous serons prêts. La RDC sera prête. En dépit des nombreux défis, Kinshasa sera prête à accueillir les athlètes et artistes de l’espace francophone. »
Félix Tshisekedi, le chef de l’Etat, en a fait un enjeu national. Et même mieux que cela : l’une des trois priorités de la RDC pour l’année 2023, après la visite du pape François au début du mois de février, et avant les élections présidentielles prévues en fin d’année. Preuve de son intérêt pour l’événement : Félix Tshisekedi a consacré la totalité de son samedi, à la mi-avril, à une visite en profondeur des futurs sites de compétition.
A moins de 100 jours de l’échéance (J – 93 ce mercredi 26 avril), les chantiers ont encore l’apparence de chantiers. Mais le comité d’organisation l’a assuré et le répète : ils seront livrés au plus tard à la fin du mois de mai.
Pour le reste, les Congolais appuient à fond sur l’accélérateur. Zeina Mina, la directrice du Comité international des Jeux de la Francophonie (CIJF), a posé ses malles à Kinshasa en début d’année. Elle accompagne au quotidien le comité d’organisation. Caroline St-Hilaire, la nouvelle administratrice de l’OIF, a réservé à la RDC son premier voyage officiel depuis sa nomination à la fin du mois de mars.
Isidore Kwandja Ngembo l’a annoncé mardi 25 avril, non sans fierté, en conférence de presse : la RDC a décidé d’accorder la gratuité des visas à tous les participants aux Jeux de la Francophonie. Les athlètes et les officiels, mais aussi les médias. « Une preuve de la volonté de notre pays d’organiser des Jeux pour tous », a-t-il suggéré.
A trois mois de l’événement, la RDC a enregistré l’inscription de plus de 4.500 participants, dont environ 2.500 athlètes, issus d’une quarantaine de pays. Souvent présentés comme un « tremplin » pour les jeunes générations, notamment en Afrique, les Jeux version 2023 serviront aussi de laboratoire. Michel Huet, le délégué de la Fédération internationale de judo (IJF), l’a expliqué : une compétition par équipes d’un genre inédit sera organisée au dernier jour des épreuves de judo. Les équipes seront composées d’athlètes de pays différents, à la discrétion des judokas eux-mêmes.
La sécurité ? Elle a souvent été pointée comme un risque pour les délégations. Mais Isidore Kwandja Ngembo et Zeina Mina se veulent rassurants. Le Congolais a expliqué que 4.500 policiers seraient déployés pour assurer la sécurité des sites et des lieux d’hébergement. La Libanaise a ajouté qu’une agence de sécurité privée, Delta, avait été recrutée en renfort sur les sites de compétition.
Très tendance : la RDC se laisse déjà aller à évoquer l’héritage des Jeux de la Francophonie. « Nous ne possédions aucune salle couverte de basket, nous en aurons trois après l’événement, à la disposition du public, avance Isidore Kwandja Ngembo. Nous n’avions pas de dojo pour le judo. Nous en aurons enfin un. »
Un projet est déjà écrit en belles lettres sur la feuille de route du pays : l’organisation des premiers Jeux de la RDC. Pas moins de huit provinces, sur les 26 recensées en RDC, ont donné leur accord. Isidore Kwandja Ngembo : « Dans notre pays, les jeunes voyagent peu, voire pas du tout, même d’une province à l’autre. Avec cette nouvelle compétition, les jeunes Congolais pourront utiliser le sport pour élargir leur horizon. »