Une page de la boxe olympique vient d’être tournée. Sur fond de crise et d’incertitude quant à l’avenir de la discipline aux Jeux d’été.
La fédération américaine (USA Boxing) a annoncé sa décision de quitter l’instance internationale, l’IBA. Elle prend ses cliques et ses claques et s’en va rejoindre la nouvelle entité de la boxe, World Boxing, dont l’acte de naissance a été publié à la mi-avril.
Rien de surprenant. Les Américains comptent parmi les membres fondateurs de World Boxing, au même titre que les Britanniques. Le conseil d’administration provisoire de l’instance dissidente de l’IBA compte deux représentants américains, Tyson Lee – président de USA Boxing – et le boxeur Richard Torrez Jr., médaillé d’argent aux Jeux de Tokyo 2020.
La fuite des Etats-Unis vers World Boxing était donc écrite d’avance. Il n’empêche, la décision américaine de quitter l’IBA marque un tournant. USA Boxing était membre de la fédération internationale, alors nommée AIBA, depuis sa création en 1946.
Mike McAtee, son directeur exécutif, l’a expliqué dans un courrier envoyé mercredi 26 avril aux membres de la fédération. Il rappelle les préoccupations de USA Boxing, exprimées et répétées depuis des mois, quant à la gouvernance de l’IBA et au risque de voir la boxe définitivement retirée du programme des Jeux de Los Angeles 2028. Surtout, il insiste sur l’importance de rejoindre au plus vite la nouvelle instance de la boxe, seule capable à ses yeux de sauver l’avenir olympique de la discipline.
« USA Boxing s’engage à travailler sans relâche avec World Boxing, les fédérations nationales partageant les mêmes idées et la communauté mondiale de la boxe olympique pour conserver le privilège de faire partie du mouvement olympique, aujourd’hui et dans les années à venir », a écrit Mike McAtee.
Au moment de sa création, annoncée le 13 avril dernier, World Boxing avait précisé ne pas encore accepter l’adhésion de fédérations nationales. La nouvelle instance avait également expliqué que ses pays fondateurs – Etats-Unis, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Allemagne, Suède, Nouvelle-Zélande et Philippines – restaient membres de l’IBA.
A l’évidence, le train a déjà pris de la vitesse. USA Boxing a ouvert la voie en annonçant sa décision de quitter une instance pour en rejoindre une autre. La Grande-Bretagne, qui compte trois représentants au conseil d’administration de World Boxing, devrait suivre. Les Pays-Bas, dont la fédération est présidée par Boris van der Vorst, candidat face à Umar Kremlev à la dernière élection présidentielle à l’IBA, devraient eux aussi se joindre au mouvement.
Hasard ou pas, l’annonce de la défection de la fédération américaine est intervenue le jour même où l’IBA a fait savoir dans un communiqué sa décision de déposer une plainte officielle auprès de l’Unité indépendante d’intégrité de la boxe (BIIU) contre les dissidents à l’origine de la création de World Boxing.
« Suite à l’annonce de la création d’une organisation internationale de boxe malhonnête, l’IBA a lancé une série d’actions visant à clarifier de manière absolue, pour toutes les parties prenantes de la boxe, l’autonomie de l’IBA en tant qu’instance dirigeante de la boxe au niveau mondial, explique le communiqué. L’IBA condamne fermement les efforts déployés par des individus pour nuire aux progrès significatifs réalisés au cours des dernières années pour assurer aux boxeurs le meilleur avenir possible. L’IBA réitère qu’elle continuera à faire tout son possible pour protéger l’organisation et toutes ses fédérations nationales membres de tout préjudice causé par des individus ou des entités à l’intérieur ou à l’extérieur de la famille de la boxe de l’IBA. »
Selon un porte-parole de World Boxing, cité par l’agence Reuters, la nouvelle instance de la boxe a été créée selon l’article 23 de la Constitution suisse, qui garantit le droit des citoyens à la liberté d’association. L’instance est basée à Lausanne. Elle dispose d’un budget initial de 994.000 dollars pour l’année 2023. Son président devrait être choisi par voie électorale au mois de novembre prochain.