La réalité des chiffres s’avère parfois trompeuse. Aux Jeux de Sotchi, elle a été éloquente. Au dernier soir des JO, dimanche 23 février, la Russie s’est installée en tête du classement des médailles, avec 33 places sur le podium, dont 13 titres. Un succès total pour le pays hôte, dominateur au nombre de victoires comme à celui des médailles. A la veille des Jeux, son ministre des Sports avait pourtant assuré, prudent mais réaliste, que la Russie pourrait au mieux viser une troisième place au classement des nations.
A cette réussite sportive s’en ajoute une autre, tout aussi improbable: les Jeux de Sotchi se sont achevés sans avoir connu un seul véritable incident. La quinzaine olympique, premier grand rendez-vous planétaire organisé en Russie depuis l’éclatement du bloc soviétique en 1991, avait débuté sur fond de controverses. En tête de liste, les menaces sur la sécurité, les violations des droits de l’homme et les critiques sur la loi russe dite « anti-gay ». Au final, un torrent de compliments déversés sur les organisateurs par le CIO, les fédérations internationales, les partenaires et, plus important, les athlètes eux-mêmes.
Thomas Bach, le nouveau patron du CIO, l’a assuré dans son discours de clôture: « La Russie a tenu toutes ses promesses ». Il a également ajouté: « Tous ceux qui ont un esprit ouvert ont pu voir le visage de la nouvelle Russie, efficace et amicale, patriotique et ouverte au monde. »
Le défi de la sécurité n’était pas gagné d’avance, avec les menaces d’attentats brandies par les groupes islamistes du Caucase du Nord. Mais les Russes ont su les déjouer sans écraser les Jeux sous le poids des contrôles et de la présence des forces de l’ordre.
Le climat? Tropical, comme annoncé. Printanier, comme prévu. La neige a manqué hors des pistes. Mais, encore une fois, les Russes avaient anticipé le problème, en stockant depuis deux ans des tonnes de flocons artificiels. Bilan de Sarah Lewis, la secrétaire générale de la Fédération internationale de ski (FIS): « Les compétitions ont plus que satisfait nos attentes ».
On s’y attendait encore moins, mais les Russes ont su faire preuve d’humour et d’autodérision. A l’image du clin d’oeil de la cérémonie de clôture, lorsque les centaines de danseurs vêtus de miroirs ont formé les anneaux olympiques, sauf un, celui du raté de la cérémonie d’ouverture.
Les Russes ont dépensé gros, sans doute trop gros, pour ces Jeux de Sotchi. Mais ils ont réussi leur pari. Sur le terrain et en dehors.