Le compte-à-rebours des Jeux de Paris 2024 n’est pas encore passé sous la barre toujours médiatisée d’une année avant l’ouverture (J – 386 ce jeudi 6 juillet). Mais les études sur l’impact de l’événement olympique et paralympique s’entassent déjà devant la porte du COJO.
La dernière en date a été publiée mercredi 5 juillet. Inspirée d’un travail de recherche du Centre de droit et d’économie du sport de Limoges (CDES), la référence en la matière, elle a été bouclée par une mission d’information de l’Assemblée nationale. L’AFP en a consulté une copie.
Première leçon : les Jeux vont rapporter gros. On s’en doutait. Combien ? L’étude hésite encore. Ses conclusions varient entre une fourchette basse à 5,3 milliards de dollars, soit quelques centaines de millions d’euros de plus que le budget actuel du COJO, réévalué en fin d’année passée à 4,4 milliards d’euros, et une estimation plus optimiste à 10,7 milliards d’euros. Le double, donc.
Précision : ces deux chiffres concernent seulement la région Ile-de-France, la plus concernée par les sites de compétition, mais aussi par l’attribution des marchés, les retombées touristiques et la création d’emplois. La première bénéficiaire, mais pas la seule. Les autres territoires peuvent aussi anticiper des retombées économiques des Jeux. Marseille, notamment, où se dérouleront les épreuves de voile et plusieurs rencontres du tournoi de football. Lille, également, où sont prévues les phases éliminatoire du basket-ball et finale du handball. Châteauroux, aussi, choisie comme plan B pour les compétitions de tir.
Entre les deux estimations, l’écart n’est pas mince. A en croire l’économiste Pierre Rondeau, professeur à la Sports Management School, le bas de la fourchette semble aujourd’hui l’option la plus réaliste. « Le scénario pessimiste du rapport serait le plus significatif, suggère-t-il, au regard des précédentes olympiades ou des autres grands évènements sportifs internationaux. »
A titre de comparaison, une étude du CDES publiée en 2017 avait estimé à 1,22 milliard d’euros les retombées économiques de l’Euro de football 2016 en France, pour l’ensemble du territoire.
Sans surprise, le tourisme s’annonce comme le grand gagnant de la partie. Une évidence. Le COJO a déjà vendu près de 7 millions de billets pour les seuls Jeux olympiques. Ils n’ont pas tous été acquis par des habitants de Paris ou de la région francilienne. A lui seul, le secteur pourrait représenter entre un quart et plus d’un tiers des retombées. Les visiteurs internationaux pourraient assurer 36 % des retombées économiques des Jeux olympiques et 18% des paralympiques.
Le rapport parlementaire table sur la présence aux Jeux de Paris 2024 de plus de 15 millions de touristes (15,9), plus qu’une année normale. Ils devraient largement remplacer, en nombre et en dépenses, les visiteurs habituels, peu enclins à venir dans la capitale française et sa région en année olympique.
Autre mât de cocagne : les marchés attribués par milliers par le COJO et la SOLIDEO, en charge de la livraison des sites, aux entreprises. A ce jour, 663 millions d’euros de contrats ont déjà été sécurisés par près de 2.000 TPE/PME (1 891). Pas moins de 15,5 % des marchés ont été remportés par des sociétés basées dans le département de la Seine-Saint-Denis.
Le rapport de l’Assemblée nationale salue la performance de la SOLIDEO sur la question de l’emploi des personnes en contrats d’insertion professionnelle. L’établissement public s’était engagé, peu après sa création, à leur réserver 10 % des heures de travail disponibles. A la mi-juin, plus de 80 % des heures prévues avaient été réalisées.
Autre leçon de l’étude : les Jeux eux-mêmes, en version olympique puis paralympique, compteront pour une part importante dans l’impact économique. Tout sauf un scoop. Les compétitions, l’organisation, l’accompagnement des délégations et des autres acteurs (officiels, médias, volontaires…), pourraient représenter un pactole de 2,372 milliards d’euros.
Mais l’économie française devra se montrer partageuse. Le rapport pointe que 47,5 % des dépenses d’achats bénéficieront aux partenaires officiels, du COJO pour le programme de marketing national, du CIO pour sa version internationale. « Une part des retombées économiques échappera in fine aux entreprises françaises », insiste le document.