Paradoxe: les Jeux olympiques n’ont sans doute jamais autant attiré les convoitises, mais les accueillir sur son sol divise l’opinion et alimente le débat. Oslo, ville requérante aux JO d’hiver de 2022, peine à mobiliser la population norvégienne autour d’un projet pourtant annoncé comme « responsable » et à bas coût. A Boston, l’une des huit villes (au moins) en course pour représenter les Etats-Unis dans une candidature aux Jeux d’été de 2024 (avec New York, Dallas, San Diego, Los Angeles, San Francisco, Washington DC et Philadelphie), l’idée rencontre autant d’enthousiasme que d’hostilité.
En fin d’année passée, une commission a été créée par l’Etat du Massachusetts afin d’étudier la faisabilité d’une candidature de Boston aux Jeux de 2024. Une étape présentée en haut lieu comme un préalable à poursuivre la réflexion. Ses onze membres viennent de rendre leur rapport. Il est favorable. Selon ses conclusions, la capitale du Massachusetts possède tous les atouts pour répondre aux exigences de l’USOC, le Comité olympique américain, appelé à choisir sans doute en fin d’année la ville candidate. Sa capacité hôtelières est suffisante. Et l’événement olympique permettrait, selon le rapport, d’accélérer la modernisation des infrastructures de la ville et de ses environs.
Seul bémol: Boston manque de certains équipements sportifs. Le rapport relève que quatre des principaux sites olympiques – stade d’athlétisme, centre aquatique, vélodrome et village des athlètes – seraient à construire de toutes pièces. Malgré tout, il recommande de poursuivre l’aventure, en créant rapidement un groupe de réflexion composé de leaders politiques et économiques, d’universitaires et de représentants des pouvoirs publics.
Un tableau sans tâche? Pas vraiment. Dans le camp de l’opposition, on s’organise. Un groupe de pression baptisé « No Boston Olympics » a été créé en novembre dernier. Lui aussi y est allé de son rapport, étudiant à la loupe le coût des Jeux pour les huit dernières villes ayant accueilli l’événement. « Le résultat est très explicite: il anticipe que les JO d’été de 2024 coûterait entre 10 et 20 milliards de dollars à Boston et à ses habitants », explique Chris Dempsey, l’un de ses fondateurs. Avant de poursuivre: « Nous ne sommes pas hostiles à l’idée des Jeux. Mais nous pensons, comme une grande partie de la population, que cet argent serait mieux dépensé dans des projets susceptibles d’améliorer la vie à Boston sur le long terme. »
Les membres de « No Boston Olympics » entendent intensifier leurs actions au cours des prochains mois. Avec une priorité: le réel coût des Jeux. « Nous voulons être sûrs que cette question restera au coeur des conversations et des débats au moment où une décision sera prise », explique Chris Dempsey.