Un étrange phénomène semble avoir frappé le CIO depuis la sortie de la crise sanitaire. Il repousse ses décisions les plus attendues par le mouvement olympique, sans donner l’impression de ressentir le besoin ou l’envie d’accélérer le pas.
L’instance olympique a décalé à l’an prochain l’annonce de l’hôte des Jeux d’hiver 2030, initialement prévue pour cet automne. Elle remet sans cesse, depuis plusieurs mois, sa décision sur la participation d’athlètes russes et biélorusses aux Jeux de Paris 2024. Et la voilà qui adopte la même posture attentiste pour le programme sportif des Jeux de Los Angeles 2028.
Le sujet figurait en bonne place à l’ordre du jour de la réunion de la commission exécutive, vendredi 8 septembre. Il en a été retiré au dernier moment. Le CIO avait alors expliqué, dans un laconique communiqué de presse, que la question serait « discutée lors d’une réunion ultérieure de la commission exécutive du CIO, qui aura lieu à une date à déterminer. »
Sur le moment, il avait semblé évident, ou au moins pertinent, que la réunion en question se tienne avant la fin du mois de septembre, ou au plus tard au tout début octobre. A temps pour une validation de la décision par la prochaine session du CIO, prévue du 15 au 17 octobre à Bombay, en Inde. Mais aujourd’hui, rien n’est moins sûr.
Sarah Hirshland, la directrice générale du Comité olympique et paralympique américain (USOPC), l’a confié lors d’une conférence de presse téléphonique : aucune date n’a encore été fixée pour reprendre, et idéalement boucler, les débats sur le programme sportif des Jeux de Los Angeles 2028.
« Cette discussion a été retardée et reportée, à ce stade pour une durée indéterminée, a-t-elle expliqué, citée par le site GamesBids. Alors que ces conversations se poursuivent, nous n’avons pas encore de date pour les futures décisions et discussions ».
L’Américaine a précisé ne pas avoir pris part aux échanges entre le CIO et LA 2028. Mais elle est malgré tout concernée directement par le sujet, au titre de membre de la commission du programme de l’instance olympique.
« Ce travail est en cours depuis un certain temps et la commission exécutive du CIO devait initialement examiner les recommandations la semaine dernière, a poursuivi Sarah Hirshland. La commission du programme a travaillé sur la base d’un ensemble de principes, dont l’un est l’équité entre les sexes et un autre est la limite de 10.500 athlètes. Je ne sais pas où en sont les discussions sur ce dernier point. Mais je m’attends à ce que, plus les choses se mettront en place, plus nous aurons de la visibilité sur la motivation ou la proposition de modifier ce quota d’athlètes. »
Les déclarations de Sarah Hirshland le confirment : les négociations s’avèrent difficiles, voire très délicates, entre le CIO et Los Angeles 2028 sur la présence de disciplines collectives parmi les sports additionnels. Les deux parties ne parviendraient pas à se mettre d’accord, d’où le report à une date indéterminée de la décision finale.
Côté californien, il serait évident, et même naturel, de ramener le baseball et le softball dans l’univers olympique. L’équipe de LA 2028 militerait également pour l’ajout du flag football, dont la campagne de candidature est massivement soutenue par la puissante NFL.
Le CIO, de son côté, pousserait en faveur du cricket, avec la perspective alléchante de voir les droits de télévision grimper en flèche en Inde. Et, le moment venu, les audiences du tournoi olympique atteindre des sommets dans un pays désormais le plus peuplé au monde.
Information tout sauf anecdotique : le nouvel ambassadeur des Etats-Unis en Inde n’est autre que le démocrate Eric Garcetti, ex maire de Los Angeles, l’un des acteurs clefs de la campagne de candidature de la ville californienne pour les Jeux de 2024/2028. Eric Garcetti était présent en juin dernier lors d’un diner officiel donné par Joe Biden pour Narendra Modi, le Premier ministre indien. Il était accompagné de… Casey Wasserman, le président de Los Angeles 2028. Nita Ambani, la milliardaire indienne, membre du CIO depuis 2016, comptait également parmi les convives.
Entre les deux parties, la discussion prendrait des allures de bras de fer. Avec, au coeur du débat, le sacro-saint quota de 10.500 athlètes, désormais inscrit dans la Charte olympique. Avec au moins un sport collectif ajouté au programme, voire deux ou trois, rester dans les clous aurait tout d’une mission impossible. Sauf à sacrifier tous les autres postulants, autant de disciplines individuelles nettement moins gourmandes en nombre d’athlètes. Un scénario hautement improbable.