Qu’on se le dise : à moins d’une année de l’échéance, alors que le compte-à-rebours passera en fin de semaine prochaine sous la barre des 300 jours, les Jeux de Paris 2024 recrutent encore. Ils recrutent partout, dans toutes les directions. Massivement, sans retenir leurs gestes. Et la tendance n’est pas prête de s’inverser.
En 2019, à cinq années de l’événement olympique et paralympique, une étude du Centre de droit et d’économie du sport de Limoges (CDES) avait accouché d’un premier chiffre sur les perspectives d’emplois générés par les Jeux de Paris 2024. Il avait déjà belle allure : 150.000 postes, dont une grande majorité à créer.
Quatre ans plus tard, un contexte nouveau et une situation en pleine évolution ont conduit le CDES à revoir sa copie. La dernière version de sa cartographie, dévoilée par Christophe Lepetit, son directeur des études, affiche une belle progression : 181.000 emplois, dans les domaines de la construction, de l’événementiel et du tourisme. Preuve que le budget du COJO n’est pas le seul à grimper depuis la crise sanitaire.
La première phase concernait le bâtiment et la construction. Au total, environ 30.000 emplois, repartis pour l’essentiel entre la SOLIDEO – l’établissement public en charge des nouveaux sites permanents – et ses prestataires. « Cette première phase est maintenant derrière nous, explique Christophe Lepetit. Nous entrons désormais dans la phase 2, avec des besoins en personnel qui sont devant nous. Les recrutements vont monter en puissance dans les semaines et les mois à venir, les employeurs voulant être prêts au printemps 2024. »
Deux secteurs dominent le marché : l’organisation des Jeux, avec 89.300 emplois (COJO, partenaires, prestataires et fournisseurs), et le tourisme (61.800 emplois). Dans le détail, la restauration pointe en tête, avec des besoins humains supérieurs à 40.000 personnes, devant la sécurité privée (26 000, dont 22.000 pour le seul COJO), le marketing (13 000), et la logistique (10 000).
Massif, donc. Et pas gagné d’avance dans un marché de l’emploi où certains secteurs clefs, dont l’hôtellerie, la restauration et la sécurité, peinent déjà à recruter. Mais les grandes manoeuvres se préparent. Mardi 26 septembre, Paris 2024 et une cinquantaine d’entreprises organisent un forum de l’emploi à la Cité du cinéma, à Saint-Denis, au coeur du futur village des athlètes. En jeu, pas moins de 16.000 postes.
Le COJO montre l’exemple. Depuis sa création en janvier 2018, le comité d’organisation a étoffé ses effectifs sans jamais vraiment chercher à forcer l’allure. Il compte aujourd’hui 1.700 collaborateurs. Mais la vague va prendre de l’ampleur. Ils seront 2.000 en fin d’année, puis le double en juin prochain, à l’attaque du sprint final.
Le calcul est facile : le COJO va devoir embaucher en six mois, au cours du premier semestre 2024, autant de nouveaux salariés qu’au cours de ses cinq premières années d’existence. Compétences les plus recherchées : relations clients, analyse et reporting, coordination technique, gestion des prestataires, maitrise des langues étrangères. Mardi 26 septembre, le COJO pourrait recruter en une seule journée un solide contingent de nouveaux salariés.
Sans surprise, les partenaires du comité d’organisation figurent en bonne place parmi les plus offensifs sur ce marché de l’emploi. Exemples : Sodexo Live ! et la RATP.
Le premier des deux, en charge de la restauration au village et sur les sites de compétition, annonce 6.000 offres, dont plus de la moitié (60 %) ne demandent aucune qualification technique. Accueil, cuisine, encadrement, logistique… La palette est large. La grande majorité de ces emplois (85 %) sera constituée de créations, le reste concernant des salariés de l’entreprise détachés pour les Jeux. Le recrutement débute maintenant. Il se poursuivra jusqu’au printemps 2024.
La RATP a poussé le curseur quelques crans supplémentaires. Elle affiche 6.600 emplois à pourvoir pour l’année 2023, dont 4.900 en CDI (1.000 en alternance et 700 contrat d’insertion). En tête des métiers recherchés : conducteur de bus et métro, agent de gare et station, de sûreté, de maintenance. Environ les deux tiers du plan de recrutement ont déjà été bouclés. Pour l’année 2024, la tendance s’annonce à l’identique.