Les ennuis continuent pour la Fédération internationale de boxe (IBA). L’instance présidée par le Russe Umar Kremlev, déjà privée de sa reconnaissance par le CIO et menacée depuis le printemps dernier par une organisation concurrente – World Boxing -, est aujourd’hui attaquée sur son flanc présumé le plus solide : l’Afrique.
Un collectif de trente fédérations nationales de la boxe africaine est vent debout face aux récentes décisions de l’Unité indépendante d’intégrité de la boxe (BIIU), une entité créée par l’IBA et confiée à un groupe de juristes internationaux présumés au-dessus de tout soupçon. Il reproche à son comité des nominations des décisions concernant les candidats aux prochaines élections à la Confédération africaine de boxe (AFBC).
Dans un document dont FrancsJeux a eu connaissance, les trente fédérations pointent trois exemples des positions pour le moins contestables prises par le BIIU en amont des élections à venir à l’AFBC.
La première concerne deux dirigeants africains dont les candidatures ont été validées par le comité des nominations du BIIU, alors que leur situation personnelle est contraire aux statuts et règlements de l’IBA et de l’AFBC. Le Marocain Mohamed El Kabbouri ne devrait pas pouvoir se présenter, plaide le collectif, car il n’est pas soutenu par sa fédération nationale. Quant à l’Ougandais Moses Muhangi, lui aussi retenu comme éligible, il a été sanctionné par l’unité d’intégrité de l’AFBC d’une amende de 5.000 francs suisses. Une amende qu’il n’a toujours pas payée.
Deuxième pomme de discorde : la candidature « énigmatique » de Bertrand Magloire Mendouga, elle aussi validée par le BIIU. Le dirigeant camerounais a été contraint de démissionner de la présidence de l’AFBC en août dernier, après avoir été accusé de mauvaise gestion et de détournement de primes destinées à des athlètes.
Enfin, le groupe des 30 pointe du doigt dans son argumentaire l’exclusion d’un candidat, parfaitement éligible à ses yeux mais écarté par le BIIU. Ilunga Luyoyo Ferdinand, le président de la fédération de boxe de la RDC, ne pourra pas se présenter aux élections, une décision prise « sans aucune explication plausible, basée uniquement sur des rumeurs. » Ancien chef de la police nationale, en charge à ce titre de la protection de l’ex chef d’Etat Joseph Kabila, il avait été placé sur la liste des personnes sanctionnées par l’Union européenne. Mais il en a été retiré en mai 2022. Dans leur courrier, les contestataires suggèrent que l’unité d’intégrité de l’IBA n’a jamais contacté l’Union européenne pour connaître le statut actuel du dirigeant congolais.
Les trente fédérations africaines insistent : « L’unité de nomination du BIIU a manqué de professionnalisme, accepté d’agir sous des influences extérieures et mis en péril sa transparence et son intégrité. Nous ne pouvons pas lui accorder notre confiance. » Elles demandent à l’AFBC de confier à son propre comité d’éthique le processus de sélection des candidats. Elles militent également pour un report d’un mois des élections à la Confédération africaine, prévues le 13 octobre à Durban, en Afrique du Sud.
Sur le fond comme sur la forme, la démarche des trente pays africains – sur les 50 membres de l’AFBC – sonne comme une très mauvaise nouvelle pour l’IBA et pour son président, Umar Kremlev. Depuis son arrivée à la tête de la boxe olympique, le dirigeant russe a toujours pu compter sur le soutien sans faille de l’Afrique. Surtout, le continent reste le seul à ne recenser aucun pays ayant fait le choix de tourner le dos à l’IBA pour rejoindre World Boxing.
A quelques semaines des premières élections à la nouvelle instance mondiale de la boxe, prévues à la fin du mois de novembre, le vent de fronde venu d’Afrique n’annonce rien de bon pour l’IBA.