L’image du weekend, aux Jeux paralympiques de Sotchi, en dit long sur le pouvoir du sport. Samedi 8 mars, un Russe et un Ukrainien ont partagé le podium de l’épreuve du 7,5 km assis de biathlon. Roman Petushkov, au centre, a décroché la médaille d’or. Il est russe. Maksym Yarovyi, à sa droite, a reçu la médaille d’argent. Il est ukrainien. Les deux athlètes se sont offerts une accolade. En pleine crise ukrainienne, leur geste a valeur de symbole.
Depuis le début des épreuves paralympiques à Sotchi, Russes et Ukrainiens se croisent souvent sur les podiums. Par un improbable pied-de-nez de l’histoire, les deux pays occupent les deux premières places du classement des médailles, après deux jours de compétition. La Russie domine de plusieurs longueurs, avec 17 médailles, dont 5 en or. L’Ukraine suit à distance, avec 6 places sur le podium, dont 2 titres.
Olena Iurkovska a donné le ton en recevant la médaille de bronze du 6 km assis de biathlon. La jeune femme, première médaillée ukrainienne de ces Jeux paralympiques, a annoncé « dédier » sa médaille à « une Ukraine indépendante. » Puis elle a expliqué très calmement qu’elle allait désormais se présenter au départ de chacune de ses courses pour la paix dans son pays.
Maksym Yarovyi a raconté, lui aussi avec sobriété, que sa préparation avait été rendue difficile par les événements dans son pays. « Il n’a pas été facile de se concentrer, car la décision sur notre participation aux Jeux changeait sans arrêt », a raconté l’athlète ukrainien.
Alexey Bugaev, un jeune skieur russe de 16 ans, médaillé d’argent en descente, s’est aventuré lui aussi sur le terrain politique. « La situation que nos deux pays sont en train de vivre est triste, a suggéré le skieur handisport. Nous sommes tous des Slaves, nous devrions nous encourager. A mes yeux, nous sommes toujours ensemble. »