Moins de deux semaines ont séparé la fin des Jeux olympiques de Sotchi du début de leur équivalent paralympique. Mais, sur la question linguistique, un monde sépare les deux événements. Les Jeux olympiques ont parlé français, jusque dans les discours de Thomas Bach et Dmitry Chernyshenko à la cérémonie d’ouverture. Les Jeux paralympiques l’ignorent.
Sur les sites de compétition, les speakers officiels naviguent entre russe et anglais, sans un mot en français. A Rosa Khutor, ce mardi 11 mars, ils n’ont pas même tenté un seul « Allez les Bleus » lorsque les skieurs de l’équipe de France bataillaient entre les piquets du slalom, la seule épreuve du super combiné qui a pu être disputée malgré l’épais brouillard et la pluie.
Dans les rues de Krasnaya Polyana, point de départ vers les sites paralympiques, la signalétique est elle aussi seulement bilingue, russe et anglais. Même absence totale de la langue française dans le système d’information officiel, myinfo2014. Le français y était présent le mois dernier, pendant les Jeux olympiques, au moins dans certaines rubrique. Cette fois, la version francophone a disparu de la page d’accueil. Les communiqués de presse envoyés en rafale par le comité d’organisation aux médias internationaux n’ont pas non plus de version en français.
En revanche, les interprètes francophones ne manquent pas. Laura, une jeune Russe rencontrée à l’aéroport, manie avec aisance la langue de Victor Hugo. Etudiante en français et anglais à l’université, elle explique avoir mis trois jours et autant de nuits à rejoindre Sotchi depuis sa Sibérie natale, en voyageant par le train. « Mais je ne regrette pas, dit-il. Pour moi qui me destine au métier de traductrice et interprète, cette expérience est unique. »
Marc, un Canadien de Montréal, a fait lui aussi le voyage vers la Russie pour apporter aux organisateurs sa maîtrise de l’anglais, du français et du russe. « Je suis venu pour traduire, explique-t-il, mais je n’ai pas encore eu grand-chose à traduite. » En zone mixte, il accompagne pourtant les skieurs français dans leurs interviews avec les volontaires russes chargés de recueillir leurs impressions pour le site internet officiel.
Pour la première fois dans l’histoire du mouvement paralympique, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a envoyé à Sotchi, en collaboration avec le Québec, quatre interprètes volontaires.
Imaginées à la fin des années 40 par un neurochirurgien britannique, les compétitions handisport n’ont jamais été très francophones. Le Comité international paralympique (IPC) a été créé en 1989 à Düsseldorf, en Allemagne. Depuis, il a déménagé à Bonn, dans le même pays. Son président, Sir Philip Craven, est citoyen britannique.
L’IPC et les Jeux paralympiques ne sont pas régis par la Charte olympique. La seule langue officielle y est donc l’anglais.