Le moment est bien choisi. Ni trop tôt, ni trop tard. A un peu plus de 250 jours de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 (J – 269), soit moins de neuf mois, une étude se penche sur l’impact de l’événement sur le sport français. Son organisation, sa gouvernance, mais aussi sa pratique et son élite.
Son nom résume le propos : « Comment entretenir la flamme ? » L’enquête a été menée entre mars et juin 2023 par Olbia Conseil auprès d’une centaine d’acteurs du secteur, dont un tiers issu du monde économique et un autre tiers représentant le mouvement sportif. Elle vient d’être publiée.
Objectif : recueillir leur témoignage pour proposer, à moins d’une année des Jeux de Paris 2024, une première analyse des transformations déjà provoquées par l’événement olympique et paralympique, mais aussi ébaucher une projection des attentes et des perspectives de l’après-Jeux.
Que faut-il en retenir ? Une première leçon : l’effet Paris 2024 se fait déjà sentir, mais la révolution est encore à venir. La grande majorité des acteurs interrogés reconnaît que l’accueil des Jeux en France a permis de mettre un coup de projecteur sur le sport. Il est plus visible et plus reconnu, notamment par les pouvoirs publics. Les budgets ont été revus à la hausse. Les initiatives se sont multipliées. La médiatisation du sport et des athlètes a grimpé en flèche. Le para sport, surtout, en a profité. Mais « le chemin à parcourir est encore long pour prendre la place qui pourrait être la sienne et devenir un sujet majeur des politiques publiques, à l’image de la culture, souvent citée en exemple », souligne l’enquête.
Autre bon point : la réussite de l’appel aux volontaires lancé par le COJO Paris 2024. Avec plus de 300.000 postulants, il a fait exploser le record du genre, repoussant à plusieurs longueurs les chiffres recensés à Londres 2012 (plus de 240 000) et Tokyo 2020 (204 680). L’étude le pointe : la France dispose aujourd’hui d’un « vivier extraordinaire » de 300.000 bénévoles. Mais il faudra savoir capitaliser sur cet engagement, en « repensant l’incitation à devenir bénévole. »
Enfin, la pratique sportive semble déjà bénéficier de l’effet Paris 2024. Pas moins de 60 % des Français avouent désormais pratiquer régulièrement une activité sportive, en hausse de 6 %. La courbe grimpe également chez les personnes en situation de handicap : elles sont près de la moitié (47 %) à déclarer faire régulièrement du sport, un chiffre en augmentation de 4 %.
Question : la France sera-t-elle prête à profiter à fond de l’impact des Jeux sur la pratique sportive, plus particulièrement dans les disciplines les plus exposées pendant l’événement, où les athlètes français auront raflé la mise ? Rien n’est moins sûr. L’étude menée par Olbia Conseil met en avant un chiffre : près d’un tiers des Français (3 sur 10) se sont vus refuser une inscription en club ou en association, pour eux-mêmes ou leurs enfants, au cours des cinq dernières années. Plusieurs fédérations sportives anticipent déjà que leurs clubs n’auront pas la capacité d’accueillir de nouveaux licenciés à la rentrée 2024, au plus fort de l’effet Jeux olympiques et paralympiques.
Alors, la flamme pourra-t-elle rester allumée ? Les experts s’interrogent. « Le bouleversement pour le sport n’a pas (encore ?) eu lieu », tranche l’étude. Les attentes étaient très hautes. Beaucoup n’ont pas été satisfaites. Mais, confiante dans l’avenir, l’enquête termine par une note optimiste. « Les initiatives et projets se poursuivent, les problèmes de gouvernance dans les institutions sportives tendent à se résoudre, l’héritage continue d’être une priorité », suggère-t-elle. Ca n’est pas rien.