Le train des Jeux paralympiques de Paris 2024 prend encore de la vitesse. La billetterie a débuté le 9 octobre dernier. Le compte-à-rebours passe ce vendredi 3 novembre sous la barre des 300 jours (J – 299). Le parcours de la flamme sera dévoilé vendredi 10 novembre.
Pour Marie-Amélie Le Fur (photo ci-dessus), l’événement s’annonce comme un tournant. Triple championne paralympique, neuf fois médaillée, elle préside depuis décembre 2018 le Comité paralympique et sportif français (CPSF). Pour la première fois depuis les Jeux de Pékin 2008, elle ne vivra pas le rendez-vous dans la peau d’une athlète. Elle a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Vous avez participé comme athlètes à quatre éditions des Jeux paralympiques, entre Pékin 2008 et Tokyo 2020. Laquelle a été la meilleure ?
Marie-Amélie Le Fur : Londres 2012. Comme expérience d’athlète, ces Jeux ont été les plus réussis. La ferveur populaire et l’engagement du public étaient extraordinaires. J’en ai le souvenir d’une grande fête, avec une ambiance merveilleuse. Dans mon sport, l’athlétisme, le stade était plein à toutes les sessions. L’autre réussite de ces Jeux a été la présence et le comportement des volontaires. Leur bonne humeur était communicative. Nous nous sentions bien entre athlètes et volontaires. Les Jeux, au-delà de l’aspect sportif, restent une expérience humaine.
Quelles sont les premières attentes des athlètes aux Jeux paralympiques ?
Les conditions de la performance. Elles passent par un bon aménagement du village des athlètes, notamment en termes de déplacement et de signalétique. Ne pas perdre de temps à chercher où se trouvent les choses et comment s’y rendre. La performance implique également de pouvoir disposer de zones de repos, de calme et de récupération. Enfin, les Jeux sont aussi pour les athlètes une occasion souvent unique de croiser des sportifs d’autres disciplines, de pouvoir échanger avec eux et partager. Un enjeu, pour les organisateurs et les délégations, est de permettre et favoriser le vivre ensemble.
Sur ces questions, les Jeux de Paris 2024 vous semblent-ils aller dans la bonne direction ?
Je crois, oui. Le concept est très prometteur, avec des sites de compétition qui vont rendre les athlètes fiers, souvent au cœur du patrimoine culturel. Maintenant, il faudra des stades pleins, ce qui passe par une réussite de la billetterie. Le COJO a la volonté de faire du cousu mains. Au final, toutes les idées ne pourront pas être réalisées, mais je pense que ces Jeux iront le plus loin possible.
Estimez-vous qu’on parle aujourd’hui assez des Jeux paralympiques ?
Ils sont de plus en plus relayés. La couverture médiatique augmente et va encore progresser. Mais il faut aller plus loin : faire découvrir au public les grands champions paralympiques, raconter les parcours de ces athlètes. Un autre enjeu est de faire de la pédagogie, pour que les gens en connaissent un peu plus sur le para sport, ses règles et ses disciplines. En parler comme on le fait pour le sport de haut niveau, sans pathos, en détachant le sport de la notion de handicap.
Vous siégez au conseil d’administration du COJO Paris 2024 en qualité de présidente du CPSF. Y êtes-vous écoutée ?
Nous sommes écoutés et consultés. Le COJO a pris l’avis de la Fédération française handisport pour les parcours des épreuves sur route, athlétisme et cyclisme, qui ont été récemment dévoilés. Nous avons participé aux discussions sur la cérémonie d’ouverture place de la Concorde. Le COJO reste leader, il est maître de ses décisions, mais il sait prendre conseil.
A moins de 300 jours de l’ouverture, quelques sont les principaux défis pour réussir les Jeux paralympiques ?
J’en vois deux. Le premier est de créer un lien plus fort et plus durable entre l’événement et le public. Dynamiser la relation entre les Français et les Jeux. Il faut que, le moment venu, les gens aient envie de venir assister aux compétitions en étant convaincus de ce qu’ils vont vivre. Le deuxième défi est l’héritage. Les Jeux paralympiques ont déjà été un catalyseur de l’importance de la pratique sportive chez les personnes en situation de handicap. Beaucoup de choses sont faites dans ce sens. Les budgets sont à la hausse. Mais il faudra continuer une fois les Jeux passés.
Il est souvent avancé que les Jeux paralympiques peuvent changer le regard de la société sur le handicap. N’est-ce pas trop demander à un événement sportif de moins de deux semaines ?
Je ne crois pas. Les études ont déjà mesuré et démontré l’impact des Jeux paralympiques. Paris 2024 ne fera pas exception. Ils ne changeront pas tout, mais leurs effets sont déjà perceptibles, sur les transports, l’accessibilité, la pratique sportive. Avant même de commencer, les Jeux paralympiques ont provoqué une prise de conscience sur l’accès au sport pour les personnes en situation de handicap.