Son avenir olympique s’écrit toujours au conditionnel. Verra-t-elle les Jeux de Los Angeles 2028 ? La question reste sans réponde. Mais pour Paris 2024, la boxe est fixée sur son sort. Elle en sera. Et pourrait même vivre parmi les plus belles heures de son histoire.
Fait rarissime : le tournoi olympique promènera les boxeurs entre la Seine-Saint-Denis et la capitale. Une phase préliminaire à Villepinte, dans l’Arena Paris Nord, puis une fin de compétition au stade Roland-Garros, pour les combats à médailles.
FrancsJeux poursuit avec Philippe Denis (photo ci-dessus), un ancien joueur et cadre technique de baseball, sa série d’interviews des managers sport du COJO Paris 2024.
FrancsJeux : Votre vie avant le COJO Paris 2024 ?
Philippe Denis : Mon parcours est assez atypique car je viens du baseball. J’ai été membre de l’équipe de France, puis après un début de carrière professionnel comme professeur d’EPS, je suis devenu cadre technique à la Fédération française de baseball. J’y ai gravi presque tous les échelons, de la mise en place du pôle national à l’INSEP jusqu’au poste de DTN par intérim, en passant par un statut d’entraîneur national. Après les Jeux d’Athènes en 2004, j’ai rejoint la Fédération française de boxe comme responsable du suivi socio-professionnel des athlètes. J’ai ensuite pris la responsabilité pendant 15 ans du pôle France à l’INSEP, avant de rejoindre le COJO Paris 2024.
Votre expérience passée des Jeux olympiques ?
Aucune. Paris 2024 seront mes premiers Jeux. Mais j’ai préparé les boxeurs pour aller aux Jeux, au quotidien, de Pékin 2008 à Rio 2016. J’ai également été directeur de la compétition du tournoi européen de qualification olympique de la boxe pour les Jeux de Tokyo 2020. Plus jeune, je me suis rendu comme spectateur aux Jeux de Barcelone 1992 , puis à ceux de Sydney 2000, pour suivre le tournoi de baseball.
Un souvenir marquant des Jeux ?
J’ai un souvenir personnel très fort, très humain, mais aussi très triste. Il concerne Alexis Vastine, avec qui j’ai travaillé pendant dix ans. Aux Jeux de Pékin 2008, il est disqualifié en demi-finale, à 10 secondes de la fin du combat, une décision arbitrale très suspecte. Quatre ans plus tard, aux Jeux de Londres 2012, il se fait une nouvelle fois voler en quart-de-finale. En 2015, on essayait de le préparer pour tenter une nouvelle fois sa chance, aux Jeux de Rio, lorsqu’il a perdu la vie dans un accident d’hélicoptère.
Le dossier en tête de la pile sur votre bureau ?
La transition entre les deux sites de la boxe. Chose rare pour ce sport, le tournoi débutera à Villepinte, en Seine-Saint-Denis, pour se terminer à Roland-Garros. La transition durera seulement une quarantaine d’heures. Nous allons devoir faire en sorte qu’il y ait le moins de différence possible entre les deux sites. Il nous faudra être très précis, soigner tous les détails. Mais cette configuration particulière va offrir aux boxeurs l’opportunité de s’exprimer dans un lieu mythique du sport, le court Philippe-Chatrier à Roland-Garros.
Les sites de la boxe : leurs atouts, les défis dans la perspective des Jeux ?
L’Arena Paris Nord de Villepinte, le site des phase préliminaires, se présente comme un vaste hall, une immense boîte vide. Nous aurons toute la latitude d’aménager l’espace et de construire l’ambiance. Nous allons le transformer en une salle noire de 5.000 places, avec des spectateurs proches du ring et un air de cabaret. Nous allons jouer avec les lumières, pour proposer la plus belle image possible de la boxe. Avec un seul ring au centre de la salle, le public aura une parfaite visibilité de l’action. Après neuf jours à Villepinte, nous rejoindrons Roland-Garros pour les demi-finales et les finales. La boxe à Roland-Garros, tout le monde attend ça avec impatience, les boxeurs et le public. Toutes les sessions seront en soirée et tous les combats distribueront des médailles.
Paris 2024 sera une réussite pour la boxe si…
Une première réussite serait de vivre un tournoi olympique où les combats reflètent la réalité des performances et de la valeur des boxeurs. Un tournoi juste, où l’impartialité de l’arbitrage soit à la hauteur de l’événement. Après, nous avons l’ambition de présenter la meilleure image possible de la boxe, en travaillant sur le look du ring, pour qu’il s’intègre parfaitement au look des Jeux.