Le site fait déjà briller des étoiles dans les yeux. Aux Jeux de Paris 2024, la lutte glissera ses tapis et son décor à l’Arena Champs de Mars, une structure temporaire posée comme un bien précieux entre la Tour Eiffel et l’Ecole Militaire. En jeu, pas moins de 18 titres olympiques : 12 en lutte libre (6 hommes, 6 femmes), six en gréco-romaine.
Aux manettes de la discipline, le Turc Ender Yaksi (photo ci-dessus). FrancsJeux poursuit avec cet ancien cadre de la Fédération internationale de lutte sa série d’interviews des managers sport du COJO Paris 2024.
FrancsJeux : Votre vie avant le COJO Paris 2024 ?
Ender Yaksi : Je suis originaire de Turquie. J’ai été élevé et j’ai grandi dans ce pays, au sein d’une famille très sportive. Mon père pratiquait la lutte. Après mes études à l’université d’Istanbul, j’ai commencé à travailler dans l’événementiel sportif. J’ai collaboré à un grand nombre d’événements en Turquie, jusqu’au moment où j’ai rejoint la Fédération internationale de lutte (UWW). J’y suis resté six ans, comme manager sport, dans un premier temps en charge des disciplines non olympiques, puis avec la responsabilité de la coordination des compétitions internationales de lutte libre et gréco-romaine.
Votre expérience passée des Jeux olympiques ?
Elle est double, puisque j’ai participé aux Jeux de Londres 2012 et Rio 2016 comme officiel technique pour la Fédération internationale de lutte. Une super expérience. Cela m’a donné envie de vivre les Jeux encore plus de l’intérieur, pour le compte d’un comité d’organisation. Rejoindre le COJO Paris 2024 était mon rêve.
Un souvenir marquant des Jeux ?
La cérémonie d’ouverture des Jeux de Londres 2012, avec la présence de Muhammad Ali parmi les porteurs du drapeau olympique. J’étais dans le stade, j’en ai été le témoin. Il était très malade, il avait du mal à se déplacer, il était aidé pour marcher et tenir le drapeau. Pour moi, cette scène et sa présence ont été incroyablement inspirantes. Elles ont montré toute l’importance de pouvoir compter sur l’aide des autres pour accomplir quelque chose.
Le dossier en tête de la pile sur votre bureau ?
La suite du test event opérationnel organisé l’été dernier. Au Jeux, la lutte prendra la suite du judo à l’Arena Champ de Mars, en plein Paris. La transition sera l’une des plus courtes du programme, seulement 23 heures entre la fin du judo et le début de la lutte. Durant cet intervalle, nous devrons modifier la structure, changer la technologie, retirer les tapis de judo pour les remplacer par ceux de la lutte. Ils n’ont pas la même forme. Nous avons testé tout cela l’été dernier, nous travaillons aujourd’hui pour corriger tous les détails et les éléments qui n’ont pas parfaitement fonctionné, pour que les problèmes rencontrés ne se reproduisent pas l’été prochain.
Le site de la lutte : ses atouts, les défis dans la perspective des Jeux ?
J’ai connu de l’intérieur deux sites de lutte aux Jeux olympiques, à Londres 2012 puis à Rio 2016. L’Arena Champ de Mars s’annonce exceptionnelle. Sa situation est assez incroyable, face à la Tour Eiffel, avec l’Ecole Militaire à l’arrière. Les athlètes vont le ressentir, ils vont s’imprégner de l’ambiance et de la situation unique de cette enceinte. Je suis certain que cela va les inspirer. Les tribunes seront certainement pleines, car la lutte est particulièrement forte en Europe. Contrairement à la plupart des sites de lutte aux Jeux précédents, les vestiaires et le terrain d’entraînement ne seront pas dans l’enceinte principale, mais dans des tentes installées à l’extérieur, avec un accès vers l’Arena par des tunnels.
Paris 2024 sera une réussite pour la lutte si…
Les Jeux seront une réussite pour la lutte si les médaillés, lorsqu’ils auront leur médaille en main, face à la Tour Eiffel, auront le sentiment d’être les plus importants du moment. Nous pourrons également parler de réussite si le nombre de pays médaillés continue à augmenter. Ils étaient 28 aux Jeux de Tokyo 2020. Partager toutes les médailles entre 30 nations serait une bel accomplissement pour la lutte. J’espère que la France en fera partie. Koumba Larroque (médaillée de bronze mondiale en 2022 et 2023) entrera en compétition dès le premier jour. La voir monter sur le podium lancerait merveilleusement le tournoi.