Semaine chargée pour Thomas Bach. Le président du CIO est à Paris, ville-hôte des prochains Jeux d’été. Il doit diriger pendant trois jours, de mercredi à vendredi, une réunion de la commission exécutive où se jouera la prochaine étape de la course aux Jeux d’hiver 2030, la sélection de la ou des candidature(s) retenue(s) pour la phase de dialogue ciblée.
En guise d’échauffement, le dirigeant allemand s’est offert mardi 28 novembre un détour par l’hôtel Pullman Tour Eiffel, dressé face à la Seine, non loin du Trocadéro. L’occasion : la dixième édition du Smartcities and Sport Summit, le rendez-vous annuel organisé par l’Union mondiale des villes olympiques. Il en était l’invité vedette. Il a tenu son rôle.
Pendant une heure, le président du CIO a évoqué longuement les prochains Jeux d’été, mais aussi l’univers des sports électroniques, la situation géopolitique et l’équipe olympique des réfugiés. Face à une assistance de plus de 300 personnes, il a sauté d’un sujet à l’autre, maniant l’humour, sans éluder aucune question. Morceaux choisis.
Les Jeux de Paris 2024 et la question de l’héritage. « Les Jeux de Paris 2024 ont été conçus et préparés, depuis le tout début et jusqu’à leur livraison, en accord avec l’Agenda 2020+5 du CIO. Leur héritage est déjà en place. Et il est très diversifié. L’opération Terre de Jeux, pour impliquer l’ensemble de la France, a débuté très tôt. Le programme des 30 minutes quotidiennes de sport à l’école primaire est lui aussi déjà en marche. Il est, à mes yeux, l’héritage sans doute le plus significatif. Avec 95 % de sites existants ou temporaires, les Jeux de Paris 2024 seront les plus durables de l’histoire. La promesse du COJO de réduire de moitié l’impact carbone par rapport aux éditions précédentes sera tenue. Cela veut dire que l’objectif que nous avions fixé pour l’année 2030 sera atteint avec six ans d’avance. Les Jeux de Paris 2024 seront également les premiers à respecter pleinement la parité hommes/femmes. C’est un signal très fort envoyé au reste du monde. Ces Jeux de Paris 2024 nous enseignent une double leçon : l’importance d’une collaboration étroite entre le CIO et le comité d’organisation, et la nécessité d’une unité politique derrière le projet. Il en résulte un très fort soutien populaire. »
Les Jeux olympiques des sports électroniques. « Nous avons commencé, au CIO, à nous intéresser aux sports électroniques en 2017 ou 2018, lorsque nous avons vu ce mouvement se développer et prendre une importance considérable. Nous cherchions à attirer les jeunes dans le mouvement olympique, il fallait pour cela aller là où ils se trouvent. Nous avons organisé le premier Forum de l’eSport. Il s’est avéré une expérience très intéressante car tous les acteurs du secteur sont venus – les joueurs, les éditeurs de jeux -, et pour la première fois ils sont retrouvés dans un même lieu. Ils n’avaient encore jamais vraiment communiqué les uns avec les autres. En les rassemblant, nous avons ainsi amené à cette communauté l’esprit olympique. Depuis, nous avons organisé cette année à Singapour la première Semaine olympique de l’eSport. Elle a été un succès. La prochaine étape a été annoncée lors de la dernière session du CIO, le mois dernier à Mumbai : la création des Jeux olympiques de l’eSport. Je trouve le projet fascinant. Nous voulons le développer le plus vite et le mieux possible. »
Les athlètes réfugiés. « La fin de l’année va être marquée par un moment très fort avec l’organisation, à la mi-décembre, du Forum mondial des réfugiés. Le CIO en profitera pour présenter un nouvel engagement sur les réfugiés. Il sera soutenu et porté par un grand nombre de fédérations internationales et de comités nationaux olympiques. C’est un engagement fort. Mais il doit rassembler encore plus de monde. C’est pourquoi j’invite les villes à se joindre elles aussi à cet engagement en faveur des réfugiés. »
La situation géopolitique et les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient. « Dès le début du conflit en Ukraine, le CIO a créé un fonds spécial de solidarité pour la communauté olympique en Ukraine. Depuis, nous en avons triplé le montant. Nous espérons ainsi accueillir l’an prochain aux Jeux de Paris 2024 une équipe ukrainienne importante et performante. Concernant le conflit entre Israël et la Palestine, nous avons l’avantage de pouvoir parler aux deux pays via leur comité national olympique. Ils vivent depuis longtemps en paix. Nous pouvons ainsi parler aux deux communautés, depuis le début du conflit, en ayant des contacts directs avec chacune des deux parties. »