Les grands événements sportifs internationaux peuvent-ils être durables ? Cette question a longtemps été observée de loin, dans le mouvement olympique. Elle est aujourd’hui devenue centrale.
Mercredi 29 novembre, elle a occupé une partie de la matinée de la deuxième journée du Smartcities & Sport Summit, organisé à Paris. Les présentations et les échanges l’ont attaquée de front. Surtout, ils ont apporté une réponse. Bonne nouvelle, elle est positive.
Pour l’illustrer, deux exemples. Le premier a été amené par la ville de la Haye, aux Pays-Bas, hôte de l’édition 2023 des championnats du monde de voile. Le second, d’une dimension plus nationale, est venu de France : la Coupe du Monde de rugby 2023.
Dans les deux cas, le comité d’organisation avait fait de la durabilité de l’événement, dès le premier jour, un objectif majeur. Et même mieux, une priorité. Dans les deux cas, les résultats n’ont déçu personne.
Premier exemple : La Haye. Troisième ville des Pays-Bas par le nombre d’habitants, avec près de 580.000 âmes, elle affiche fièrement l’ambition d’atteindre la neutralité carbone en 2030. Les championnats du monde de voile, organisés du 10 au 23 août 2023 dans le quartier de Scheveningen, sur les bords de la mer du Nord, devaient se montrer exemplaires. Ils n’avaient pas d’autre choix.
Peter Van Veen, le directeur des sports de La Haye, l’a expliqué au deuxième jour du Smartcities & Sport Summit : « Le quartier de Scheveningen représentait à lui seul un sérieux défi, car il est difficile d’accès en voiture, très fréquenté par la population locale, avec une activité maritime importante et très diversifiée dans la baie. Quant à l’événement lui-même, il constituait aussi un challenge, avec 1.200 athlètes, 970 bateaux de compétition et 475 volontaires. »
Un contrat de ville-hôte a été signé, avant les Mondiaux de voile, par la ville et le comité d’organisation. Il fixait les règles à respecter et définissait en toutes lettres les objectifs à atteindre en termes de durabilité. La ligne de conduite : respecter les règles locales et nationales quant au respect de l’environnement. « Nous ne pouvions pas proposer des petites solutions, insiste Peter Van Veen. Il fallait voir grand. »
Comment ? Les exemples ne manquent pas. Les organisateurs ont installé des fontaines d’eau potable sur toute la zone de stationnement des bateaux, recyclé toutes les bouteilles, prévu un tri sélectif des déchets. Toutes les places de parking des véhicules ont été utilisées pour les bateaux de compétition, obligeant les participants et spectateurs à se rendre sur le site en vélo ou en transport en commun. Un parc de 350 vélos de location a été mis à disposition des personnes accréditées. La baie et les canaux ont été nettoyés après l’événement. Le comité d’organisation a fait appel à des prestataires et fournisseurs locaux pour réduire au maximum les transports vers La Haye.
« Nous avons prouvé qu’il était possible de concilier l’organisation d’un grand événement sportif international avec les exigences de durabilité », assure Peter Van Veen.
Autre exemple, à une plus grande échelle : la Coupe du Monde de rugby 2023 en France. Aux manettes du dossier durabilité, Arnaud Breton, le directeur Impact, Héritage et Famille du rugby au comité d’organisation.
Le Français l’a expliqué mercredi 29 novembre lors du Smartcities & Sport Summit : « Nous avons intégré la question de la durabilité, en détaillant nos idées et notre ambition, dès la phase de candidature. C’était une première pour un Mondial de rugby. Le message que nous avons adressé à World Rugby était très clair : aller au-delà d’un événement sportif, en laissant un héritage positif pour la société et pour l’environnement. »
Comme pour les Mondiaux de voile à La Haye, les organisateurs français ont embarqué avec eux les autorités politiques, les partenaires, les villes-hôtes du tournoi et World Rugby. Arnaud Breton insiste : « Il est impossible, pour un comité d’organisation, de relever seul un tel défi. Il faut impliquer toutes les parties prenantes. Nous avons prévu, par exemple, de compenser financièrement l’impact carbone des voyages depuis l’étranger. World Rugby a participé à cet effort, pour les déplacements en avion des médias étrangers, des officiels et des équipes. »
Autre initiative de France 2023 : imposer un voyage en train pour les déplacements jusqu’à une durée de 5 h 30. Lors des éditions précédentes de la Coupe du Monde, les équipes prenaient l’avion au-delà de 3 heures de trajet. Arnaud Breton l’explique : « Nous avons ainsi pu voir des équipes prendre le train pour se rendre d’Aix-en-Provence, dans le sud de la France, jusqu’à Lille au nord du pays. »
Même volonté de réduire les transports, et donc l’empreinte carbone, pour l’offre de nourriture dans les villes-hôtes du tournoi. Les menus proposés dans les zones d’hospitalité ou pour le public n’étaient pas les mêmes à Nantes, Bordeaux, Lyon ou Toulouse. France 2023 a fait massivement appel aux producteurs locaux. Une vaste campagne de redistribution des plats et aliments non consommés a également participé à l’effort de réduction des déchets. Résultat : 91 tonnes de nourriture redistribuées pendant le tournoi.