Karl Stoss, le président de la commission de futur hôte des Jeux d’hiver, l’a expliqué très clairement la semaine passée, après avoir annoncé que le dossier des Alpes françaises était le seul retenu pour la phase de « dialogue ciblé » pour les Jeux d’hiver 2030 : le travail n’est pas terminé. « Les candidats retenus doivent maintenant faire leurs devoirs », a imagé le dirigeant autrichien. Les deux régions françaises – AURA et PACA – ont compris le message. A la demande du CIO, elles ont revu leur carte des sites avec l’objectif de présenter un projet plus compact. L’exercice a fait deux victimes : les stations de Val d’Isère, où étaient initialement prévus les slaloms hommes et dames, et d’Isola 2000, choisie dans la première version du dossier pour accueillir le skicross et le snowboardcross. Un coup rude pour Val d’Isère. Et même plus que cela selon Jean-Claude Killy (photo ci-dessus), l’ancien co-président du comité d’organisation des Jeux d’Albertville en 1992. Membre honoraire du CIO, le triple champion olympique en ski alpin aux Jeux de Grenoble 1968 a pris sa plume pour rédiger une longue lettre où il dénonce sans réserve la décision de retirer Val d’Isère de la carte des sites. « Je me suis réjoui que le dossier des Alpes françaises accède, seul, à l’étape du dialogue ciblé auprès du Comité international olympique pour l’attribution des Jeux olympiques d’hiver 2030, écrit Jean-Claude Killy. C’est un magnifique projet nord-sud, fédérateur de l’ensemble d’un massif, qui doit donner l’espoir au monde de la montagne et est cohérent car il s’appuie sur des infrastructures majoritairement existantes. Mais je suis attristé et scandalisé par la décision péremptoire de retirer Val d’Isère du dispositif des Jeux olympiques 2030. On a ainsi jeté sans analyse, sans concertation et sans fondement rationnel un pan entier de l’histoire du ski de compétition. Ce n’est pas moi, c’est l’autre. C’est ce que j’entends aujourd’hui. Personne, dans tous les échanges que j’ai pu avoir au cours des dernières heures, n’en assume la responsabilité. Il semble que le dialogue qui devait durer jusqu’au printemps soit déjà terminé. Sportivement, le ski alpin est symbolisé par deux disciplines, la vitesse et la technique, qui peuvent « vivre » sur deux sites. Tout au long de ma carrière d’organisateur, au cours de laquelle j’ai contribué à sept Jeux olympiques, la notion de resserrement des sites a été une ligne de conduite intangible, à condition que les décisions soient le fruit d’une analyse poussée qui prenne en compte tous les facteurs sportifs, environnementaux, économiques et culturels. Val d’Isère répond à tous ces critères. Je pense qu’il est important de reconsidérer cette décision. »
— Publié le 4 décembre 2023