La fin d’un beau projet ? Pas encore. Mais les derniers indicateurs s’accordent sur une évidence : la perspective de voir les épreuves de surf des Jeux de Paris se disputer en Polynésie française, sur le site mythique de Teahupoo, s’éloigne un peu plus à chaque mouvement de l’océan.
Restée très discrète, et même absente du débat, depuis le début de la polémique sur la nouvelle tour des juges, la Fédération internationale de surf (ISA) a pris officiellement position, mercredi 6 décembre. Elle l’a fait par le biais d’un communique de presse publié sur son comte X (ex Twitter).
Surprise : l’instance présidée par l’Argentin Fernando Aguerre se range dans le camp du gouvernement polynésien et de son président, Moetai Brotherson, qui a imposé en fin de semaine passée l’annulation des essais d’installation de l’équipement et suspendu les travaux à Teahupoo. L’ISA déclare « se féliciter de la décision » des autorités polynésiennes de suspendre les travaux.
« Depuis le début du processus d’organisation des épreuves olympiques de surf en Polynésie française, l’ISA a toujours insisté sur le fait que la protection du site naturel de Teahupoo était une priorité », explique le communiqué de l’ISA, après avoir exprimé sa tristesse et sa surprise d’avoir appris que les essais effectués la semaine passée avait endommagé le corail.
L’instance appelle les parties concernées à « intensifier les discussions pour examiner toutes les options possibles ». Elle assure « travailler avec toutes les parties afin de trouver un accord commun pour que la compétition puisse se dérouler tout en protégeant l’environnement naturel local ».
Le communiqué de l’ISA se termine par ces mots : « En tant que surfeurs de longue date, nous sommes passionnés par la nécessité de protéger les océans, pour nous-mêmes et pour les générations futures. »
L’ISA serait-elle en train de lâcher le COJO Paris 2024 ? Officiellement, pas encore. Mais son communiqué envoie un message clair : l’organisation des épreuves de surf à Tahiti ne doit pas se faire à n’importe quel prix. Et surtout pas au mépris du respect de l’environnement.
Tout sauf un hasard : la prise de position de l’ISA a été suivie, quelques heures plus tard, par une annonce de deux des sites candidats à l’accueil des compétitions olympiques, mais recalés au profit de Tahiti. Les villes de Lacanau, en Gironde, et de La Torche, dans le Finistère, ont rappelé au COJO Paris 2024 qu’elles pouvaient constituer un plan B en cas d’abandon du projet polynésien.
« On a continué à travailler tranquillement et aujourd’hui, si on fait appel à nous, on sera bien sûr heureux d’accueillir les épreuves de surf des JO, a déclaré Laurent Peyrondet, le maire de Lacanau. Depuis l’été dernier, il y a eu quelques articles de presse faisant état de difficultés, en particulier des difficultés à intervenir sur le site. On est donc restés en veille. »
La Torche tient un discours très similaire pour lancer un appel du pied à Tony Estanguet et son équipe. « Si on nous sollicite, on ne dira pas non, promet Stéphane Le Doaré, le maire de Pont-l’Abbé et président de la communauté de communes du Pays Bigouden Sud, en charge du site de La Torche. Pour l’instant, on ne nous a pas sollicités mais on a l’habitude de recevoir des compétitions et d’installer des infrastructures temporaires. On a des vagues moyennes en été mais surfables par tout le monde. Il faut qu’on le sache rapidement, avant la fin de l’année. Car ça suppose un minimum de gestion et d’organisation. »
Au COJO Paris 2024, le discours officiel écarte toute idée d’un rapatriement du surf dans l’Hexagone. Mais il pourrait bien évoluer au cours des prochains jours.