Hasard du calendrier ou tendance plus durable ? Après le Japon, où Sapporo a enterré au plus profond ses ambitions olympiques, la Catalogne renonce à son tour à plancher sur une possible candidature aux Jeux d’hiver. La région espagnole tire un trait sur ses projets. Il pourrait bien être définitif.
Annoncée en fin de semaine passée par plusieurs médias nationaux, l’information a été confirmée par les autorités politiques catalanes. Laura Vilagrà, la ministre de la Présidence, a expliqué qu’il n’était plus prévu la moindre réunion de travail avec le Comité olympique espagnol sur la question d’une candidature aux Jeux d’hiver. Elle a également précisé que le budget de la région pour l’année 2024 n’incluait pas la moindre dépense liée à un projet olympique et paralympique.
Pour rappel, l’Espagne s’était lancée dans la course aux Jeux d’hiver en 2030, proposant un projet associant les Pyrénées et Barcelone. Mais le dossier a été mis au panier par le comité national olympique, après l’échec des négocations entre la Catalogne et l’Aragon sur le partage des sites de compétition.
Une affaire politique, donc. Mais, cette fois, le renoncement de la Catalogne à envisager une candidature aux Jeux d’hiver, même à long terme, semble motivé par des raisons plus inédites. Anna Barnadas, la secrétaire de la Présidence en charge des questions climatiques, l’a suggéré lors d’une interview Catalunya Ràdio : la région ne sera sans doute bientôt plus en état d’organiser des grandes compétitions de sports d’hiver.
« L’évidence du changement climatique est une réalité qui va devenir de plus en plus délicate, a-t-elle expliqué. En regardant les images actuelles des stations de ski, il sera difficile d’organiser les Jeux olympiques d’hiver sous des latitudes comme celles de la Catalogne. »
Sur la forme, le renoncement de la Catalogne à envisager un nouveau projet olympique n’a rien d’un scoop. A l’image de Sapporo, les Espagnols auraient été contraints de plancher sur un dossier pour une échéance trop lointaine – 2042 au plus tôt – pour coller avec un agenda politique ou économique. La décision de la commission exécutive du CIO de sécuriser d’un coup trois éditions successives – les Alpes françaises en 2030, Salt Lake City en 2034 et, sauf mauvais scénario, la Suisse en 2038 – repousse la prochaine fenêtre de tir à presque deux décennies. Autant dire une éternité.
Mais les explications avancées par les autorités catalanes rappellent aussi la prévision brandie par le CIO, l’an passé, au moment de repousser la date d’attribution des Jeux d’hiver 2030. “Quinze comités nationaux olympiques répartis sur trois continents disposent actuellement d’au moins 80% des installations requises, avait assuré Thomas Bach. Mais cinq d’entre eux ne présenteront plus la fiabilité climatique nécessaire d’ici 2040. » A l’évidence, l’Espagne s’est déjà rangée elle-même parmi ces exclus de la course aux Jeux d’hiver.