Sale affaire. A 200 jours des Jeux de Paris 2024, le mouvement sportif espagnol est fortement secoué par les turbulences. Le Conseil supérieur des sports, la plus haute autorité sportive gouvernementale, a demandé au directeur de l’agence nationale antidopage (CELAD), José Luis Terreros (photo ci-dessus), de remettre au plus tôt sa démission. Il est soupçonné de malversations financières et d’irrégularités dans les contrôles antidopage et les sanctions. Tout a débuté avec la publication d’une enquête du média espagnol Relevo, en date du 27 décembre 2023. Elle révèle que la CELAD aurait couvert des contrôles antidopage positifs de sportifs espagnols par diverses méthodes. L’une d’elles consistait à laisser s’écouler le délai maximum d’une année avant de prévenir les athlètes de leurs résultats, puis de notifier le sportif déclaré positif par un courrier postal, augmentant encore le délai. L’athlète pouvait ainsi contester sa sanction auprès du Tribunal administratif du sport (TAD), avec toutes les chances d’obtenir gain de cause. Autre méthode révélée par Relevo : la délivrance d’autorisations d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) rétroactives. Selon l’enquête du média espagnol, l’Agence mondiale antidopage (AMA) aurait laissé faire sans prendre la moindre mesure contre la CELAD, des accusations fermement contestées par l’instance basée à Montréal. Dans un long communiqué publié en fin de semaine passée, l’AMA explique avoir eu « connaissance de problèmes persistants » au sein de l’agence espagnole, « dont plusieurs problèmes liés aux contrôles et à la gestion des résultats. » Le président de l’AMA, le Polonais Witold Bańka, insiste : « Nous sommes bien conscients de l’existence de problèmes profonds au sein de l’organisation espagnole de lutte contre le dopage. Je suis déçu du niveau de coopération que nous avons reçu de la CELAD alors que nous cherchons à améliorer le système pour les sportifs espagnols. Le fait que des cas positifs n’aient pas été traités en temps utile, malgré le suivi régulier de l’AMA, est inacceptable. L’AMA veillera toujours à ce que la CELAD – et toutes les organisations antidopage – soient tenues de respecter les normes les plus élevées conformément au Code mondial antidopage, y compris en engageant des poursuites si cela s’avère nécessaire. Toutes ces questions font l’objet d’une enquête approfondie de l’AMA. Si elles ne sont pas traitées rapidement et efficacement, il est clair qu’il y aura des conséquences importantes pour le sport espagnol. » En Espagne, les autorités ont fait savoir que José Luis Terreros serait démis de ses fonctions par la ministre de l’Education et des Sports, Pilar Alegría, et le président du Conseil des sports, José Rodriguez Uribes, s’il ne remettait pas lui-même sa démission.