Menace de gros temps en Amérique du Sud. Les Jeux panaméricains, principal événement multisport organisé sur le continent, sont venus rejoindre la longue liste des rendez-vous sportifs continentaux ou mondiaux dont le pays-hôte initial ne sera pas la nation organisatrice. Rien de nouveau sous le soleil. Au moins en apparence.
Rappel des faits. La semaine passée, l’organisation en charge du mouvement sportif panaméricain, Panam Sports, a annoncé dans un communiqué avoir retiré à la ville colombienne de Baranquilla l’accueil des Jeux panaméricains en 2027 (22 octobre au 7 novembre). Pour justifier sa décision, l’instance présidée par le Chilien Neven Ilic a expliqué que la Colombie n’avait pas respecté les engagements contractuels signés au moment de l’attribution du rendez-vous multisport, en août 2021.
Panam Sports n’a pas détaillé les manquements des autorités colombiennes. Mais il a été confirmé, depuis l’annonce du retrait à Baranquilla des Jeux panaméricains en 2027, que la Colombie n’avait pas versé à Panam Sports un premier acompte de 4 millions de dollars au titre des droits marketing. Il était attendu pour le mois d’octobre dernier, puis exigé au plus tard le 31 décembre après qu’un délai ait été accordé aux Colombiens. La somme n’a jamais été payée.
Baranquilla 2027 s’écrit donc au passé. Panam Sports l’a rayée de ses listes, puis annoncé la tenue en février d’une assemblée générale extraordinaire destinée à extraire du chapeau une nouvelle ville-hôte. Selon plusieurs sources, l’instance continentale aurait déjà envoyé un courrier aux comités nationaux olympiques américains pour inviter les potentiels postulants à exprimer leur intérêt pour l’événement.
Seul ennui, mais de taille : la Colombie ne baisse pas les bras. Elle refuse de laisser filer un rendez-vous multisport pour lequel elle était seule candidate.
En tête de cortège de la mobilisation colombienne, Ciro Solano, le président du Comité olympique colombien (COC). Le dirigeant sportif multiplie les démarches, depuis la semaine passée, avec l’espoir d’inverser le cours de l’histoire.
« Les dommages sont importants pour l’image de la Colombie, pour le mouvement sportif national, pour le peuple colombien, a-t-il assuré dans un entretien à l’AFP. Nous allons agir car nous n’avons pas perdu l’espoir de récupérer les Jeux. »
Ciro Solano le reconnait : Panam Sports avait toutes les raisons de retirer à Baranquilla l’accueil de l’événement. Mais le président du comité national olympique demande à être entendu, pour tenter de régler la solution « à l’amiable ». Pas question, en effet, d’entamer une procédure juridique. « Nous voulons être prudents, mais nous allons fermement revendiquer le droit qui nous a été attribué il y a deux ans et demi, explique-t-il. Nous devons trouver la bonne stratégie pour convaincre Neven Ilic ».
La stratégie en question pourrait bien cibler un autre pays sud-américain, le Paraguay. Ciro Solano l’a suggéré à l’AFP : ses dirigeants sportifs auraient manoeuvré depuis plusieurs mois contre les intérêts colombiens. Avec un objectif : écarter Baranquilla pour la remplacer par Asunción comme ville-hôte des Jeux panaméricains en 2027. La capitale du Paraguay organisera la version junior du rendez-vous continental en 2025. Recevoir l’événement deux ans plus tard ne serait pas pour lui déplaire.
« Le Paraguay milite depuis le mois d’août dernier pour obtenir l’organisation des Jeux panaméricains en 2027″, assure Ciro Solano.
Très discret depuis l’annonce de la décision de Panam Sports, la semaine passée, le président colombien, Gustavo Petro, est sorti de son silence. Il a écrit un courrier à Neven Ilic et aux autres membres du comité exécutif de Panam Sports pour les exhorter à faire marche arrière. « En tant que Président de la République (…), je vous écris pour vous faire part de notre volonté et de notre engagement à surmonter tous les obstacles qui ont conduit à la décision annoncée », a assuré le chef de l’Etat, dont le refus de se rendre à la cérémonie de clôture des Jeux panaméricains 2023 à Santiago du Chili avait fait beaucoup de bruit. Il devait y recevoir le drapeau du mouvement olympique panaméricain des mains de son homologie chilien, Gabriel Boric.
Une cause perdue ? Sans doute. A la différence de la Fédération des Jeux du Commonwealth, toujours face à une page blanche pour l’édition 2026, Panam Sports ne manque pas de plans B.
En coulisses, trois pays s’activent pour convaincre l’instance de leur confier l’événement. Le Paraguay et sa capitale, Asunción, semblent tenir la corde. Mais le Brésil avance la carte de Sao Paulo, plutôt candidat à l’édition 2031, mais pas forcément opposé à avancer son calendrier. Le Mexique serait également intéressé par une candidature de Guadalajara, l’une des trois villes du pays, avec Monterrey et Mexico, qui accueilleront des rencontres du Mondial de football en 2026.