Candidatures

Pour les Jeux d’hiver 2030, Val d’Isère veut se remettre dans la pente

— Publié le 18 janvier 2024

L’affaire semblait pliée. Elle ne l’est sans doute plus tout à fait. Ecartée le mois dernier du dossier des Alpes françaises pour les Jeux d’hiver en 2030, la station de Val d’Isère pourrait revenir dans le décor. Et même, peut-être, retrouver une place plus visible.

Rappel des faits. En novembre dernier, la commission exécutive du CIO, réunie pour deux jours à Paris, annonce les vainqueurs de la course aux Jeux d’hiver. Les Alpes françaises sont retenues pour poursuivre l’aventure, en phase de « dialogue ciblé », pour l’édition 2030. Les Américains de Salt Lake City héritent du même privilège pour les Jeux suivants. La Suisse est conservée, mais pour une étape inédite et plus incertaine de « dialogue privilégié », pour les Jeux en 2038. La Suède reste les mains vides.

Dans le dossier des Alpes françaises, Val d’Isère est prévue comme hôte des deux slaloms de ski alpin, masculin et féminin. Un choix logique. Une forme d’évidence.

Surprise, la station savoyarde est bientôt rayée de la carte. Comme Isola 2000 en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, elle est sacrifiée à la demande du CIO. L’instance olympique souhaite voir le projet français réduire le nombre de ses sites. Elle le veut plus compact.

Jean-Claude Killy, l’ancien co-président des Jeux d’Albertville en 1992, membre honoraire du CIO, n’apprécie pas la manoeuvre. Il le dit à sa façon, sans prendre de gants. Sa lettre ouverte fait beaucoup de bruit.

Assez pour inverser le cours de l’histoire ? A Val d’Isère, le maire de la station, Patrick Martin, ne baisse pas les bras. Il profite du début de la polémique pour tenter de remettre sa commune sur la carte des Jeux.

A la mi-décembre, il constitue une équipe pour répondre en quelques semaines à la demande de Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), de présenter un dossier technique détaillant la faisabilité technique et économique d’un maintien de Val d’Isère dans le dossier de candidature.

Sans réel cahier des charges, l’équipe de Val d’Isère se met au travail. En moins d’un mois, elle pond un dossier d’une quarantaine de pages, hors annexes, répondant aux exigences du CIO en termes de sobriété, expérience des athlètes et maitrise des coûts.

Selon Ski Chrono, le document a été remis cette semaine à Vincent Jay, le directeur opérationnel des Jeux d’hiver 2030 à la région AURA, avec copie à David Lappartient, le président du CNOSF, Antoine Dénériaz, le président de la commission Jeux olympiques et paralympiques à la région, et Jean-Claude Killy.

L’argumentaire se révèle solide. Val d’Isère propose de loger les athlètes au Club Med, à quelques minutes de ski du site des épreuves. La station envisage un transport par câble depuis le bas de la vallée. Surtout, son dossier imagine de regrouper les épreuves techniques de ski alpin. Les deux géants se disputeraient sur la Face de Bellevarde, l’une des pistes des Jeux d’Albertville en 1992. Les slaloms seraient courus sur la Joseray. Une aire d’arrivée commune serait prévue pour les quatre courses.

Le budget ? « Nous en sommes à 16,6 millions d’euros, a expliqué Patrick Martin à Ski Chrono. Mais il reste évolutif. Si nous revenons dans le plan de jeu du CNOSF, il faudra s’adapter. »

La semaine passée, une équipe de quatre experts de la commission de futur hôte des Jeux d’hiver s’est rendue dans les Alpes françaises pour une visite de reconnaissance de trois jours. Elle était prévue. La délégation envoyée par Lausanne a notamment fait étape à Courchevel, La Cluzaz, La Plagne et dans les Hautes-Alpes. Mais elle a ignoré Val d’Isère et Isola 2000.

A six mois de la session du CIO, où doit être validé le choix des Alpes françaises comme hôtes des Jeux d’hiver en 2030, tout reste possible. L’argumentaire préparé par Val d’Isère sera intégré à la partie AURA du dossier envoyé au CNOSF. Un document de synthèse sera ensuite adressé, avant la fin du mois de février, à la commission de futur hôte du CIO. Avec ou sans Val d’Isère ? Réponse dans les prochaines semaines.