A leur rythme, sans faire grand bruit, les Jeux de la Jeunesse d’hiver de Gangwon 2024 (19 janvier au 1er février) avancent tranquillement vers la mi-parcours. A ce stade, tout roule, même si l’événement peine à susciter dans les villes-hôtes sud-coréennes l’enthousiasme observé à Lausanne lors de l’édition 2020. L’organisation est fluide, les transports fonctionnent. Au classement des médailles, l’Italie mène le train, devant la Chine et l’Autriche.
Quel avenir se dessine pour les JOJ d’hiver ? Qui décrochera l’organisation des Jeux en 2028 ? Qu’en sera-t-il du programme sportif ? FrancsJeux a interrogé Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques au CIO.
FrancsJeux : Le CIO a attribué les Jeux de la Jeunesse d’hiver 2024 à Gangwon quatre ans à l’avance, juste avant l’édition 2020 à Lausanne. Pour 2028, rien n’est encore fait. Pourquoi ce retard ?
Christophe Dubi : Pour deux raisons. Comme pour les Jeux d’hiver 2030, dont l’attribution a été retardée d’une année, nous souhaitions définir une nouvelle stratégie pour l’avenir des Jeux olympiques d’hiver. Par ailleurs, nous voulons utiliser des capacités existantes, en allant dans des villes qui savent faire, où une attribution moins de quatre ans à l’avance ne poserait pas de problèmes. Et puis, nous souhaitons aussi nous servir de l’expérience de terrain de Gangwon 2024 pour poursuivre le dialogue avec les parties intéressées dans l’accueil des JOJ suivants.
Il a déjà été annoncé que vous discutiez avec l’Italie pour l’édition 2028. Est-ce le seul projet en course ?
Non. L’Italie s’est déclarée, en effet, avec l’idée d’un héritage des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026. Mais les Italiens ne sont pas les seuls avec qui nous discutons. Plusieurs autres parties sont intéressées, mais elles restent confidentielles.
Quand allez-vous prendre une décision ?
Le calendrier n’est pas encore tout à fait déterminé. Mais l’attribution pourrait intervenir en 2024, à l’occasion d’une session du CIO qui sera extraordinaire. Nous irons dans une région qui a toutes les capacités pour préparer les JOJ en moins de quatre ans, une région qui organise régulièrement des grands événements de sports d’hiver.
L’Italie tient-elle la corde ?
Les Italiens ne sont pas les seuls à proposer quelque chose d’intéressant. Mais les discussions ne portent pas seulement sur l’édition 2028. Certaines régions pensent à plus long terme. Elles nous disent : « Si ça n’est pas 2028, nous les voulons aussi ».
Gangwon accueille les JOJ d’hiver six ans après PyeongChang 2018. L’Italie s’est positionnée pour 2028. Les JOJ ne vont-ils pas devenir un « after » pour des pays-hôtes des Jeux d’hiver ?
Dans certains cas, oui. Mais ça n’est pas forcément le modèle. La Suisse, par exemple, a utilisé les JOJ d’hiver 2020 à Lausanne comme un tremplin pour relancer une dynamique olympique, après plusieurs candidatures infructueuses. Et nous ne devons pas oublier l’idée originelle des Jeux de la Jeunesse, qui est d’aller aussi dans des pays qui n’ont pas eu les Jeux olympiques, hiver ou été.
Le format des JOJ d’hiver va-t-il encore changer ?
Je crois que nous avons aujourd’hui trouvé un bon format. Des Jeux pour les jeunes et par les jeunes, centrés sur la performance sportive, point de passage obligé pour les athlètes d’élite. Ca fonctionne. Les fédérations internationales et les comités nationaux olympiques nous le disent. Nous ajoutons un volet éducatif, en développant des outils et des initiatives fournis aux FI et aux CNO. L’accès aux épreuves est gratuit, des activités sont proposées localement aux jeunes. La couverture médiatique a été ajustée, avec une diffusion en live dans le pays hôte, et une offre plus légère, digitale et focalisée sur les grands moments, pour le reste du monde. Quant au programme, il reflète assez bien la pratiquez des sports d’hiver.
Les JOJ ont aussi été imaginés comme un laboratoire pour tester de nouvelles épreuves. Ca n’est pas le cas cette année à Gangwon. Pourquoi ?
Nous avons beaucoup innové dans le passé. Et nous arrivons à une certaine stabilité du programme. Nous avons aujourd’hui un produit sport qui fonctionne et donne satisfaction à tous les acteurs.
Les éditions antérieures proposaient des épreuves ou étaient associés des athlètes de pays différents. Pourquoi avoir abandonné à Gangwon 2024 cette forme de mixité ?
Elle était compliquée sur un plan sportif. Les athlètes ne parlaient pas tous la même langue, la sélection n’était pas facile, la stratégie de compétition non plus. Les fédérations internationales et les comités nationaux olympiques trouvaient l’exercice complexe et pas forcément favorable à la performance. L’idée était d’amener de la mixité culturelle. Mais on constate qu’elle se crée assez naturellement au sein du village entre les jeunes des différentes délégations.