La date est surtout symbolique. Ce vendredi 26 janvier marque un nouveau point d’étape dans la préparation des Jeux de Paris 2024 : six mois pile avant l’ouverture du rendez-vous olympique.
Symbolique, mais pas seulement. A 182 jours du défilé des délégations sur la Seine, la question de la participation sous statut neutre des athlètes russes et biélorusses reste surmontée d’un immense point d’interrogation. La commission exécutive du CIO leur a ouvert la porte, en décembre dernier. Mais dans les faits, rien n’est vraiment réglé.
A ce stade, il est acquis que la Russie ne sera pas présente aux Jeux de Paris 2024 en athlétisme et dans les sports collectifs. Dans le premier cas, la décision est à mettre au crédit de World Athletics, ferme sur sa position de ne pas réintégrer les athlètes russes dans les compétitions internationales. Dans le second, elle a été prise par le CIO.
Ailleurs, le paysage se révèle plus flou. En équitation, la fédération internationale (FEI) a annoncé récemment que la période de qualification olympique était désormais bouclée. Aucun cavalier russe ne figure dans la liste des athlètes susceptibles de participer aux Jeux à titre individuel en vertu du classement mondial.
Même situation en gymnastique. La fédération internationale (FIG) a publié en début d’année une liste d’athlètes et personnel d’encadrement autorisés à se rendre sur les prochaines étapes de la Coupe du Monde, qualificatives pour Paris 2024. Elle compte trente noms, tous biélorusses. Pour les Russes, la messe est dite. Ils restent à la porte.
La natation affiche un tableau plus contrasté. Officiellement, les nageurs russes peuvent toujours décrocher leur billet. Mais aucun ne figure sur la liste des engagés des championnats du monde toutes disciplines, organisés du 2 au 18 février à Doha. Cinq athlètes biélorusses seront de la partie. L’événement entre dans le processus de qualification olympique pour les Jeux de Paris 2024.
La présence de nageurs russes dans les prochaines compétitions olympiques s’annonce donc peu probable. Plusieurs grands noms de la natation russe ont déjà exprimé leur refus des conditions imposées par le CIO. Vladimir Salnikov, le président de la fédération, l’a expliqué à l’agence TASS : « Ces conditions sont humiliantes. Dans les circonstances actuelles, je ne considère pas le refus de participer aux Jeux olympiques comme un pas en arrière. »
Selon la dernière communication officielle du CIO, publiée sur son site Internet, six Russes et cinq Biélorusses ont obtenu à ce jour leur billet pour les Jeux de Paris 2024. Trois fois rien. Le Suisse Denis Oswald, membre de la commission exécutive, l’a confié à FrancsJeux : « Selon nos estimations, les Russes devraient être entre 50 et 60 aux Jeux de Paris 2024. »
Pour être éligibles au statut de neutralité, les postulants devront surmonter deux obstacles. Le premier est dressé par la fédération internationale de leur sport. Il revient en effet à chacune d’entre elles de mettre en place un processus de sélection des athlètes répondant aux critères du CIO.
Le second, moins prévu, est préparé par le CIO. Son porte-parole, Mark Adams, l’a annoncé la semaine passée depuis Gangwon, en marge des Jeux de la Jeunesse d’hiver : « Nous allons désigner des analystes indépendants. Les personnes qui se sont qualifiées auront déjà suivi un premier processus, elles en suivront un second, géré par le CIO mais avec l’aide d’une organisation indépendante. »
A Moscou, l’annonce de ce double filtre a été accueillie comme une nouvelle tentative du mouvement olympique de durcir le processus, et réduire encore les chances des athlètes russes de décrocher un billet. Le président du comité national olympique (ROC), Stanislav Pozdnyakov, a suggéré lors d’une interview avec l’agence RIA Novosti que la décision du CIO laissait entendre que l’instance ne « faisait pas entièrement confiance aux fédérations sportives internationales ».
L’Ukraine, de son côté, se prépare à défiler aux Jeux de Paris 2024 en nombre et en force. Vadym Guttsait, le président du comité national olympique, a expliqué à l’agence Kyodo News que plus de 50 athlètes avaient déjà obtenu leur qualification. « Nous enverrons au moins une centaine de nos sportifs, peut-être un peu plus », anticipe l’ancien escrimeur.